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Elections françaises : le Rassemblement national de Marine Le Pen gagnera-t-il des régions ?

Le premier tour des élctions régionales et départementales aura lieu ce dimancche.

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Par Marc Sirlereau

Les Français vont retourner aux urnes ce dimanche pour le premier tour des élections régionales et départementales. Un scrutin comme d’habitude à deux tours. Un scrutin test à un an de l’élection présidentielle. D’autant plus que le Rassemblement national, d’après les derniers sondages, pourrait gagner au moins une région, la région PACA (Provence-Alpes-Côte d’Azur).

Le RN est bien placé selon les sondages

Selon les derniers sondages, le parti d’extrême-droite arriverait en tête dans six régions ce dimanche soir, à l’issue du premier tour. Des régions aussi différentes que la Nouvelle-Aquitaine, la Bourgogne-Franche-Comté, la Bretagne ou encore la Provence-Alpes-Côte d’Azur.

Mais il faut nuancer les résultats du Rassemblement national. Par rapport au scrutin régional de 2015, le parti de Marine Le Pen se stabilise, parfois progresse un peu mais ne cartonne pas.


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En Bretagne, le RN est donné en tête avec 20%. Au premier tour en 2015, il en obtenait déjà 18. Dans les Hauts-de-France, au premier tour en 2015, Marine Le Pen y avait obtenu 40%. Cette fois-ci, le candidat RN n’obtiendrait que 32%, selon les sondages. Et dans la région PACA, avec un sondage à 41%, Thierry Mariani – la tête de liste – obtiendrait le même score que Marion Maréchal, il y a six ans.

La région PACA, une cible de Marine Le Pen

Pour ce scrutin, Marine Le Pen a positionné Thierry Mariani en tant que tête de liste. Un coup avant tout tactique. En effet, Thierry Mariani a fait toute sa carrière au sein de la droite classique. Il a été maire, député et ministre de Nicolas Sarkozy. Il a quitté les Républicains pour devenir membre de la Droite populaire. Un parti associé au Rassemblement national. Thierry Mariani est aujourd’hui député européen.

"Ce choix, pour Guilhem Ricavy, journaliste politique et directeur des rédactions du journal La Provence, est bien joué. Il est connu dans la région, il ne fait pas peur et il peut aller chercher des électeurs de droite. Cela rentre dans le cadre de la dédiabolisation du Rassemblement national."

Le Rassemblement national a-t-il vraiment changé ?

Pour Thierry Mariani, bien sûr. "Aujourd’hui, dit-il, le parti a complètement changé. Marine Le Pen, ce n’est pas Jean-Marie Le Pen. Elle n’a jamais été condamnée, rajoute-t-il, pour propos racistes."


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Thierry Mariani ne mentionne toutefois pas, les problèmes de la cheffe du RN concernant les emplois fictifs au Parlement européen. Et lorsqu’on l’évoque, il explique que "la liste des politiques français qui ont été condamnés dans la vie politique pour emplois fictifs est un peu longue. Notamment Alain Juppé. Mais Marine Le Pen n’a jamais été condamnée, rajoute-t-il encore, pour propos racistes. Et il y a peu de partis comme au Rassemblement national, où l’on surveille autant le passé et le présent des candidats. Marine Le Pen y est très attentive."

Guilhem Ricavy, le directeur des rédactions de la Provence, n’y croit pas trop. "Le directeur de campagne de Thierry Mariani, Philippe Vardon, par exemple, avait un groupe de musique durant sa jeunesse qui s’appelait Zyklon B qui fait référence au gaz utilisé dans les camps de la mort. Il y a des gens autour de Thierry Mariani qui sont des purs et durs de la lignée de Jean-Marie Le Pen. Et cela, l’électeur ne le voit pas forcément. Pour l’électeur, Thierry Mariani est un candidat plutôt souriant qui a un projet notamment en matière de sécurité, une préoccupation importante dans la région, avec un non à l’immigration qui est pour le parti, vecteur d’insécurité. Le RN est donc fort. Mais derrière Thierry Mariani, il y a des personnalités plus sulfureuses qui ont été condamnées pour des propos tenus sur la Shoah ou le nazisme."

La droite se cherche

Du côté de la droite française, les sondages ne sont pas bons pour les Républicains et le président de la région, Renaud Muselier. Dans tous les cas de figure, le parti d’extrême-droite gagnerait au second tour.

La région, il s’en fout. Il veut devenir ministre de Le Pen si elle gagnait

Du coup, Renaud Muselier attaque son principal concurrent, qui fut son ami lorsqu’ils militaient ensemble au RPR et à l’UMP. "Thierry Mariani a trahi sa famille politique. Il est ici sur ordre de Marine Le Pen pour essayer de gagner la région pour l’aider à gagner la présidentielle. La région, il s’en fout. Il veut devenir ministre de Le Pen si elle gagnait. Il n’a plus de maison ici, il ne paie plus d’impôt ici. Il a quitté la région il y a dix ans."

Dans ce contexte un peu plus compliqué, Renaud Muselier a pris sur sa liste des candidats de la majorité présidentielle. La République en Marche n’a pas de liste en PACA. Motif officiel : c’est Emmanuel Macron et Jean Castex qui l’ont notamment souhaité pour faire barrage à l’extrême-droite.

Macron et Castex ont tendu un piège et malheureusement, il est en train de se refermer sur nous

Une alliance qui a surtout déstabilisé la droite. Remi Capeau est le président des jeunes LR d’Aix-en-Provence et pour lui, ça risque de coûter cher à Renaud Muselier. "Macron et Castex ont tendu un piège et malheureusement, il est en train de se refermer sur nous. L’annonce de cette liste commune avec des soutiens à Emmanuel Macron a été catastrophique pour nous. L’addition des voix peut apparaître comme un bon point pour les Républicains. Mais là, sur la façon dont ça s’est goupillé, on aurait dit un semblant de tambouille politicienne que les gens ne supportent plus. Sur le coup, bon nombre de militants et sympathisants l’ont très mal pris. Ils iront voter mais ils ont prévenu de suite qu’ils n’iraient pas distribuer des tracts ou participer à des réunions."

Le Front républicain va-t-il tenir ?

En 2015, pour faire barrage à l’extrême-droite, dans les Hauts-de-France comme en PACA, la liste de gauche arrivée en troisième position, s’était retirée et avait appelé à voter pour la liste de droite. Résultat, le parti de Marine Le Pen avait été battu partout. Aujourd’hui, la ligne est moins claire.

Jean-Laurent Félizia est la tête de liste de gauche en PACA, une liste réunissant Les Verts, le PS et les communistes et avant les résultats du premier tour, il ne s’avance pas. "Il y a deux scénarios possibles. Soit, si on est troisième, on se retire et toute une partie de la population ne sera plus représentée au conseil régional. Ou alors, nous estimons qu’il est plus utile en cas de victoire du RN, d’être présents dans l’opposition pour entrer en résistance."

Selon les derniers sondages, dans tous les cas de figure, le RN gagnerait en Provence-Alpes-Côte d’Azur. Mais ce ne sont encore que des sondages.

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