Belgique

Indépendance de la Flandre, confédéralisme : "Il faut redresser un peu la tête du côté francophone", estime Olivier Maingain

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Par Miguel Allo sur base d'une interview de Thomas Gadisseux

Olivier Maingain, bourgmestre de la commune de Woluwé-Saint-Lambert et ancien président du parti DéFI a appelé ce matin à un sursaut francophone. Il entend, dit-il, les discours d’un certain nombre de responsables politiques flamands : "Vous avez monsieur De Wever qui annonce que, si on n’accepte pas la voie du confédéralisme, il l’imposera de manière extralégale. Ça, ce sont des accents trumpiens. Recourir au coup de force dans un État de droit, ce n’est pas admissible."

Il cite aussi l’exemple de Sammy Mahdi, président du CD&V, : "Si vous ne voulez pas les réformes actuelles proposées au sein du gouvernement fédéral on va aussi aller vers la fin de la Belgique."

Dans ce contexte, l’ex-président de DéFI s’étonne qu’un certain nombre de francophones "de manière passive, presque complice, accepte une forme de culpabilisation." Ce qui, à ses yeux, est invraisemblable.

Le confédéralisme

Olivier Maingain propose d’analyser la voie du confédéralisme proposé par le président de la N-VA, Bart De Wever. "C’est avoir les avantages du séparatisme pour la Flandre sans en avoir à subir les inconvénients." Cela équivaut à une Flandre, dit-il "qui rompt toute solidarité avec le sud du pays, qui n’a plus de compte à rendre à l’État Belge, qui met Bruxelles sous tutelle de la Flandre."

Il rappelle que, si la Flandre souhait prendre la voie de l’indépendance : "il faut aller frapper à la porte de l’Union européenne. Et, ce n’est pas simple de se faire admettre dans le cercle européen."

Passivité francophone ?

L’ex-président de DéFI note que certains francophones "un peu bêlants" ne voient pas d’inconvénients à parler du confédéralisme proposé par le président de la N-VA. "Est-ce qu’ils se rendent bien compte de la conséquence, de ce que cela signifie." Le confédéralisme va, selon Olivier Maingain, affaiblir durablement les capacités budgétaires et financières de la Wallonie et de Bruxelles. Il estime aussi que, si les institutions francophones sont en difficulté, "c’est en partie parce que les partis francophones qui ont négocié les lois de financement les ont très mal négociées." Il rappelle que lorsqu’il a combattu la dernière réforme de l’État (la sixième), "j’étais le seul président d’un parti francophone à dire tous les dangers". Aujourd’hui, peu de partis francophones qui les ont signées, les défendent, constate-t-il.

"Ce chantage permanent à l’indépendance de la Flandre, au confédéralisme, impressionne certains francophones. Et je dis qu’il est temps de renverser cette logique. Il faut redresser un peu la tête du côté francophone. Et cesser de croire qu’il faut se soumettre à la dernière exigence institutionnelle de la Flandre, aux derniers chantages institutionnels de certains responsables politiques flamands."

Face à "ce chantage permanent", Olivier Maingain propose aux francophones de prendre au mot le président de la N-VA et "le dire à monsieur De Wever, mais chiche". Et de poser, sous forme de référendum spécifique et décisionnel, aux électeurs flamands, s’ils souhaitent l’indépendance de la Flandre. La question qui serait posée : "La Région flamande doit-elle être un État indépendant ? Oui – Non". Cela permettrait de vérifier le soutien des électeurs aux propositions d’indépendance, en expliquant les conséquences de ce choix.

Rappelons qu’il n’est pas possible d’organiser un référendum (décisionnel et contraignant) en Belgique.

Dans le cas où les électeurs flamands, comme le pense Olivier Maingain, ne veulent pas "de cette voie périlleuse du séparatisme", il faudra dire aux partis flamands : on ne peut avoir de Belgique que fédérale". Et il poursuit : "Il n’y a pas d’avenir pour la Belgique hors du fédéralisme." Le fédéralisme bien compris permet de garantir l’unité du pays "à la fois parce qu’il y a une autonomie respectée, mais aussi des mécanismes de solidarité".

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