Skrillex : deux nouveaux albums suffisent à résumer l’artiste ?

Prévu depuis quelques jours, "Quest For Fire" marque le retour d’un nouveau Skrillex assez différent de sa période bro-step des années 2010-2014 qui ont fait sa popularité. On retrouve ici de la house, trap, future bass, du half-time et même de la grime. Le tout étonnement cohérent de par ses sonorités propres et des arrangements nouveaux qui marqueront sans doute un tournant musical dans la Bass Music. Avec ses nouvelles sonorités et sa façon d’explorer la musique, Skrillex nous montre là qu’il est bien plus que le producteur Dubstep mainstream.

L’album commence gentiment par un "Leave Me Like This" et ça aura son importance pour la suite. Un titre house emmené par des chants de sirènes. Sans doute l’un des titres où l’on sent le plus l’influence UK House de l’artiste. Un premier clin d’œil au passé s’y glisse puisqu’on peut entendre le fameux gimique "Oh My God" de "Scary Monsters and Nice Sprites" en ouverture du deuxième drop.

Un sample légendaire issu de Missy Elliott, les basses de l’américain et le son d’un autre sample du français Mr Oizo avec son titre "Positif", on enchaîne avec l’excellent "RATATA". Un morceau particulier qui a lui seul montre l’art du sampling pour créer de la nouveauté.

Avec le titre "Tears" on fait clairement un pont entre l’ancien et le nouveau Skrillex mais c’est aussi l’une des réelles bonnes surprise de cet album. On replonge dès les premières notes dans les wobbles caractéristiques du mouvement dubstep cette fois mêlés à des kicks issus de la drill et une ambiance hors du commun. Une alliance avec Joker et Sleepnet, membre de Noisia qui risque bien de servir de modèle à une scène hybride en devenir.

Un autre titre à mettre en exergue est le très bon "Inhale Exhale" flirtant avec l’halftime, la deep dubstep très pure comme au début des années 2000 et la trap. On dirait sur ce morceau que Skrillex a assombri une autre facette de sa carrière, celle de la période Jack U. On retrouve la voix d’Aluna avec qui Diplo et lui-même avaient déjà collaboré sur "To Ü" dont on sent l’inspiration.

De plus en plus présent dans le monde électro, le vent oriental a aussi soufflé sur "Quest For Fire", le producteur a invité la chanteuse traditionnelle Palestinienne Nai Barghouti pour le titre "Xena" que vous pouvez entendre sur Jam en radio. Un morceau envoûtant que Skrillex avait sorti quelques jours avant l’album.

Le rap anglais en la personne de Flowdan est aussi bien présent sur l’album. En plus du désormais célèbre "Rumble", il pose aussi sa voix sur le titre "Hydrate". Un flow entre la grime et les tendances drill actuelles où la voix fait quasiment tout sur une production très deep mêlant aussi des influences reggae comme Skrillex avait l’habitude de faire auparavant. Un vrai moment à part dans l’album.

On retrouve pas mal d’autres bons titres comme le "Supersonic" avec les Hollandais de Noisia et l’album se termine sur une belle note de douceur, juste ce qu’il fallait avec le morceau "Still Here". Encore une boucle bouclée puisqu’il est composé avec Porter Robinson, un ami de longue date, le producteur américain qui était le premier artiste signé sur OWSLA, le label de Skrillex.

On s’attardera moins sur ce "Don’t Get Too Close", qui bien qu’excellemment produit n’apporte pas grand-chose de nouveau. Il représente le côté plus pop, hip hop et RNB de Skrillex qui produit énormément pour ce milieu. Dans cette vibe hip hop, s’il ne fallait en retenir qu’un, ce serait sans aucun doute le titre "3am". Comme son nom l’indique, la couleur de cet album traduit une certaine fragilité derrière la carapace qui se traduit par quelques titres plus mélancoliques. On y retrouve des stars de l’industrie comme Justin Bieber et Don Toliver pour le titre "Don’t Go" déjà sorti en 2021, Chief Kief, Kid Cudi ou encore la jeune londonienne PinkPantheress.

L’album débute en écho à son pendant sombre par le titre "Don’t Leave Me Like This", un son d’ambiance vraiment introductif à l’autre univers de l’artiste.

Sur ce projet on peut quand même tout à fait épingler le titre "Selecta" avec BEAM qui surprend par son drop aux accents UK Bassline.

Pas mal d’invités sont présents y compris la fine fleur du cloud rap scandinave. On retrouve les suédois Yung Lean et Bladee sur le morceau "Ceremony", encore une preuve que Skrillex sait y faire avec de nombreux milieux différents. Les deux rappeurs sont d’ailleurs cette année à l’affiche du Dour Festival.

On trouve aussi de la liquid Drum & Bass sur l’album avec le titre "Mixed Signals" avec Swae Lee qui vient comme une caresse entamer la fin du projet.

Dès le début d’année, Skrillex a donc bien montré qu’il était de retour avec de solides choses. A la fois de la nouveauté qui fait du bien au genre et des anciennes recettes qui font plaisir à réentendre. Au total, c’est 27 titres qui pourraient sonner comme un travail fini, accompli, à mème se demander si Skrillex reviendra encore comme on le connaît après ça.

En tout cas, on a de quoi ne pas bouder notre plaisir et il sera en Europe cet été entre juin et juillet avec des arrêts très attendus comme au Primavera Sound où il sera accompagné de Fred Again.. et Four Tet.