Energie

Métaux stratégiques : comment l’Europe s’est rendue dépendante de la Chine

Déclic - Le Tournant

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Par Arnaud Ruyssen

En février 2023, votre PODCAST "Déclic – Le Tournant" se penchait sur l’enjeu des métaux. Les métaux sont de plus en plus présents dans notre quotidien sans qu’on s’en rende toujours forcément compte. Ils sont aussi de plus en plus stratégiques dans le cadre de la transition énergétique et de la révolution technologique. Problème : l’Europe a très peu la main sur ces ressources qu’elle utilise pourtant abondamment.

La première étape de notre reportage se passe dans le laboratoire d’Eric Pirard, professeur en ressources minérales et économie circulaire à l’Université de Liège. Il nous présente un rotor de véhicule électrique contenant des aimants surpuissants fabriqués à base de néodyme, l’une des terres rares.


► Cet article est mis à jour suite à la rediffusion des épisodes du podcast Déclic – Le Tournant en semaine de 18h à 19h sur La Première.


"Ce métal est très important pour les véhicules électriques mais aussi pour les rotors d’éoliennes, par exemple… Or ce néodyme est aujourd’hui surtout extrait et raffiné en Chine. Les Chinois – au prix d’une main-d’œuvre très bon marché et de dégâts environnementaux conséquents – ont progressivement acquis un quasi-monopole sur ce métal stratégique de plus en plus utilisé dans le cadre de la transition", explique le spécialiste de l’Université de Liège.

Pourquoi la Chine est le premier producteur de métaux rares ?

Mais pourquoi la Chine ? A-t-elle des gisements particulièrement conséquents de terres rares, dont le fameux néodyme ? "Pas spécialement, nous répond Johan Yans, professeur en Géologie à l’Unamur, on parle de terres rares, ce sont des roches particulières mais qui ne sont en réalité pas si rares que cela. On pourrait les exploiter ailleurs… mais pour cela, il y a deux conditions : il faut que ce soit économiquement rentable et il faut que les autorités délivrent les permis nécessaires à l’exploitation et acceptent donc les conséquences environnementales".

Deux conditions qui ne sont pas minces : excaver et raffiner des terres rares demande beaucoup de travail, beaucoup d’énergie et nécessite de charrier beaucoup de roches. La concentration des terres rares dans une veine propice est en général de moins d’1%. Il y a donc un travail considérable pour l’enrichir. Cela a donc jusqu’ici bien arrangé les pays occidentaux de laisser la Chine "se salir les mains" pour aller chercher ces ressources primaires.

Un bien insuffisant recyclage

Aujourd’hui, rien que sur les terres rares, la Chine assure plus de 50% de la production mondiale et plus de 90% du raffinage. Et ce n’est malheureusement pas le recyclage qui permettra à l’Europe d’assurer son indépendance stratégique.

Eric Pirard (Uliège) explique que "dans le meilleur des cas, pour des métaux comme le cuivre par exemple, on est à un taux de recyclage de 30% ne serait-ce que parce que la demande de cuivre a été multipliée par 3 par rapport à il y a 40 ans. Ça, c’est pour le cuivre. Mais pour beaucoup d’autres métaux on est plus proche des 5 à 10%. Et pour des métaux comme ceux que l’on trouve dans nos smartphones on est à une telle échelle nanométrique que l’on n’arrive tout simplement pas à reséparer les métaux". De quoi rendre le recyclage de bon nombre de produits high-tech pratiquement impossible, aujourd’hui.

Alors, cela veut-il dire que l’on va devoir un jour rouvrir des mines en Europe ? Jusqu’à quel point va-t-on modifier nos objets de consommation pour les rendre moins coûteux en métaux, ou davantage circulaires ? Faudra-t-il renoncer à certains objets high-tech ? On aborde tout ça dans l’épisode du "Tournant" de cette semaine. Prenez 45 minutes pour comprendre.

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