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Faut-il supprimer le sucre de l’alimentation de nos enfants ?

Tendances Première : Le Dossier

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Par Nadine Wergifosse

Selon l’OMS, en quarante ans, le nombre de cas d’obésité chez l’enfant et l’adolescent a été multiplié par dix. En cause de nombreux facteurs, mais la surconsommation de produits sucrés est souvent pointée du doigt. Faut-il limiter drastiquement ou totalement la consommation de sucre chez les petits et chez les adolescents ? Quels sont les effets néfastes du sucre sur la santé et le développement des enfants ? Sylvie Anzalone, porte-parole de l’ONE et Amal Alaoui, diététicienne pédiatrique pour l’ONE, sont les invitées de Tendances Première.

Trouver le juste équilibre, pas interdire le sucre

Comment faire en tant que parents, sans trop se culpabiliser, sachant que pour les enfants, aimer le sucre, c’est inné ? : "Il y a quelques années, les parents voulaient faire plaisir à l’enfant en leur donnant du sucre. Aujourd’hui certains parents veulent retirer tous les sucres. Essayons de trouver un équilibre" explique Sylvie Anzalone, porte-parole de l’ONE.

Pour Amal Alaoui, diététicienne pédiatrique pour l’ONE, il ne s’agit pas d’interdire, mais bien de limiter : "L’interdit attise le désir. L’OMS recommande 10% de l’apport calorique en sucre ajouté/jour : le sucre de table, le miel, les jus, les sodas, le sirop de glucose dans l’alimentation industrielle… Pour un enfant de cinq ans, cela correspond à un berlingot de jus et un yaourt sucré aux fruits. Pour un enfant de 10 ans, ce sera de même plus trois cuillères de confiture". La diététicienne indique par ailleurs que 10% de sucre dans l’aliment ou dans la boisson donne un sentiment de félicité. Plus le sucre est présent plus il faut en ajouter pour retrouver la même sensation. Cela va aussi dans l’autre sens (tout comme pour le sel) : en diminuant progressivement le sucre, on peut maintenir une sensation gustative sucrée et agréable.

© Getty Images

Mettre des règles et des limites

Sylvie Anzalone signale qu’au siècle dernier, on consommait deux kilos de sucre par personne et par an. Aujourd’hui, c’est 50 kilos : "Le sucré, source de plaisir, apporte de l’apaisement au stress et à l’angoisse. Il est lié à une mémoire de récompense dans l’enfance. L’adolescent lui, a envie de satisfactions et autour de lui, les sollicitations sont grandes. C’est important de mettre des règles et des limites comme pour tout apprentissage. Pour rassurer les parents, l’éducation au goût va s’affiner au fil du temps avec la variété des aliments. L’exemple aussi a son importance : voir les autres 'goûter de nouvelles saveurs' leur donne envie de faire de même".

Selon Amal Alaoui, en termes de saveurs, nous les humains, sommes fait pour aimer les aliments gras et sucrés et gras et salés : "Ce sont des aliments riches en calories qui nous ont permis de survivre et de prospérer. Le glucose est le carburant de notre cerveau et de nos musclesSupprimer totalement le sucre n’est pas justifié. Le problème est que nous sommes dans une société de surconsommation avec une incitation souvent ciblée vers les jeunes".

© Getty Images

Donner de bonnes habitudes alimentaires dès la plus jeune enfance

Les deux spécialistes recommandent ces conseils aux parents :

  • Faire apprécier le goût de l’eau est un conseil très essentiel que nous donnons au sein de l’ONE. Les enfants apprécient l’eau quand ils ont l’habitude d’en consommer. A appliquer le plus tôt possible.
  • Aider les enfants à gérer leur consommation en discutant avec eux. Même si l’hygiène bucco-dentaire, le diabète et l’hypertension, souvent, ne les préoccupe pas, on peut les évoquer.
  • Voir le site du site du Conseil Supérieur de la Santé qui a émis un avis dont le résumé est très instructif.
  • Les moments doux, apaisants et réconfortants au goût sucré sont autorisés, mais avec modération.
  • Diversifier très tôt les goûts comme, proposer des légumes au goût amer plutôt que toujours "les plus sucrés"
  • Faire apprécier des goûts "nature" sans sucre ajouté
  • Créer de "bonnes habitudes" comme par exemple, pas de dessert après le repas
  • Mettre du festif autour du repas : présentation de la table, discussions "en famille"
  • Repérer le sucre "caché" en lisant l’étiquetage du produit
  • Ne pas remplacer le sucre "naturel" par des substituts

L’addiction au sucre ? À nuancer

"Selon les critères de la Food and Drug administration, le sucre n’entre pas dans les critères d’une addiction à une drogue. Des études ont été menées et on parle plutôt de dépendance. Quand on arrête d’en donner on a des effets physiques et/ou psychologiques" souligne la diététicienne de l’ONE qui conclut avec un dernier conseil concernant le Nutri-Score : "Les sucres ajoutés sont pris en compte dans le Nutri-Score. Il y a eu des améliorations avec des repères plus stricts pour les céréales de type 'petit-déjeuner'. Il est toutefois nécessaire de rester vigilant en lisant les étiquettes".

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