Initiatives locales

Les grainothèques, le bon plan pour les amoureux de jardinage et de biodiversité

© @lepotagerdugailleroux

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Par Véronique Wese

Le concept est apparu aux États-Unis dans les années 2000 et fait aujourd’hui tranquillement son trou chez nous. La grainothèque est un système d’échange de graines, gratuit et ouvert à tous… Un bon plan pour le jardin, qui permet de préserver la biodiversité et de créer du lien entre voisins.

"La grainothèque, c’est comme une bibliothèque. Sauf qu’on n’y trouve pas des livres, mais bien des graines" explique Mickael Teerlinck, créateur du Potager du Gailleroux, à Jodoigne. "Il s’agit en fait d’une banque de semences, mise à disposition des citoyens gratuitement. Un espace où chacun peut prendre et déposer librement des graines de fleurs, de légumes, de fruits, de plantes médicinales, d’arbres, etc." et apprendre à reproduire et récolter les différentes semences. Un principe tout simple, basé sur le troc et le partage, qui fleurit un peu partout en Belgique.

Des lieux de partage horticole

Les grainothèques s’implantent généralement au sein des bibliothèques publiques. "Logique," nous dit Mickael, "quand on sait que les bibliothèques sont des lieux de partage de savoirs. Les semences sont le fruit d’un travail collectif millénaire. Elles font partie intégrante de notre patrimoine et de notre héritage horticole. "Ces espaces sont donc des opportunités d’échanger des graines et d’apprendre sur des sujets comme le jardinage, l’agriculture, l’alimentation saine ou la biodiversité. Des lieux qui concernent tout le monde et qui rassemblent tant les passionné.e.s que les amateur.rice.s de jardinage.

Á ce jour, il existe une centaine de grainothèques éparpillées un peu partout en Wallonie et à Bruxelles. Le Potager du Gailleroux les a répertoriées dans cette carte interactive :

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Bien plus que du troc de graines

La grainothèque offre donc la possibilité aux citoyen.ne.s de se lancer et/ou se perfectionner dans la culture de semences. Mais il est important de souligner que ce concept va bien au-delà du simple échange de semences et de savoirs horticoles.

"Les grainothèques favorisent aussi l’ouverture, les rencontres et les échanges entre individus d’âges et de milieux différents", nous explique Mickael. "Parce que comme toutes les expériences de troc, elles permettent de créer du lien social entre les habitants. En plus de ça, elles offrent une alternative à l’achat de graines industrielles et aident à la préservation de notre patrimoine semencier local, et donc au maintien de la biodiversité et à la protection de l’environnement".

La valorisation des semences paysannes

"La grainothèque permet un entretien citoyen de la biodiversité cultivée," explique Mickael.

En effet, si tous les types de graines peuvent être déposés en grainothèques, côté variétés on opte plutôt pour des semences reproductibles, bio et souvent anciennes (dites 'paysannes'). 

"S’il est écrit 'F1' ou 'hybride F1' sur un sachet de graines, vous pouvez les oublier ! Cela signifie que ces semences sont des hybrides de première génération, qui donnent des variétés homogènes, standardisées et donc intéressantes pour l’agriculture intensive. Mais, il faut savoir que la seconde génération sera très probablement de moins bonne qualité. Moins résistante et non adaptée au terroir. Il n’y a donc pas d’intérêt à les récolter pour les ressemer l’année suivante. C’est la raison pour laquelle, on n’en veut pas dans les grainothèques."

C'est d'ailleurs l'un des objectifs premiers de la grainothèque : permettre de retrouver des variétés bien de chez nous, adaptées à nos terroirs, de retrouver des semences rustiques et d’éviter que certaines variétés de graines ne tombent dans l’oubli.

Pourquoi produire ses propres graines ?

"Produire ses propres graines présente beaucoup d’avantages," s’enthousiasme Mickael. "Déjà, c’est économique, parce qu’avec les variétés anciennes, on n’a plus besoin d’acheter ses semences chaque année. Et puis, c’est valorisant de faire pousser ses propres plantes et de récolter des légumes issus de ses propres graines. C’est aussi un moyen de se ressourcer, de renouer avec la nature, de s’intéresser au vivant et surtout d’être conscient de ce que l’on produit et ce que l’on mange."

Les grainothèques sont des espaces ouverts à tous, petit ou grand, connaisseur ou débutant. "Tout le monde peut y trouver son compte. Et puis, avec des semences de laitue, de radis, de tomates… c’est assez facile de se lancer," souligne Mickael. "Les semences de haricot, de petits pois ou de mâche aussi sont top pour démarrer, on ne peut pas trop se planter". Rien de tel pour donner un petit coup de boost à la biodiversité de nos contrées.

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A découvrir aussi: A Quaregnon, une citoyenne a installé une grainothèque devant sa maison. L’initiative plaît beaucoup dans le quartier. Un reportage de Télé MB.

La plantothèque, de la graine à la plante

Stéphanie Weisser, bibliothécaire à Jette, explique que "même s’il y a beaucoup de bibliothèques à Bruxelles. Même si Bruxelles Environnement distribue chaque année plus de 15.000 kits de graines. Pour certaines personnes, c’est encore compliqué de passer de la graine à la plante". Elle a donc créé une plantothèque, une bibliothèque qui permet d’adopter des plantes. Un reportage de Bx1.

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A découvrir aussi : le portrait de Marie-Yvonne Michez, une passionnée qui a lancé la grainothèque des Géants à Ath. Un reportage de Notélé.

La grainothèque mobile

© La Grainothèque Mobile d'Ixelles

Certains poussent le concept un peu plus loin, avec le concept de "grainothèque mobile". Un outil de sensibilisation qui part directement à la rencontre des citoyens pour les sensibiliser à la nature. Un concept que l’on retrouve notamment dans les communes de Beauvechain et d’Orp-Jauche. Mais aussi à Ixelles. Cécile Gilquin y a lancé La Grainothèque Mobile d’Ixelles, en 2020. Dans cette bibliothèque participative, on peut troquer des semences de fleurs sauvages et potagères. Une invitation à créer de véritables petits coins nourriciers et biodiversifiés en ville.

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