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Cette vidéo virale d’une explosion au barrage de Nova Kakhova date de 2022

© Capture d’écran Twitter

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Par Grégoire Ryckmans

Une vidéo prétendant montrer l’explosion du barrage de Nova Kakhovka le long du fleuve Dniepr dans le Sud de l’Ukraine a été diffusée par plusieurs internautes sur les réseaux sociaux et des médias cumule des centaines de milliers de vues, notamment sur Twitter. S’il s’agit bien d’images de la même infrastructure, cette vidéo date pourtant du 12 novembre 2022.

La destruction partielle du barrage hydroélectrique de Kakhovka, dans la nuit du 5 au 6 juin est au centre de l’attention dans le contexte de la guerre en Ukraine.

Parmi les images diffusées en ligne, une vidéo en noir et blanc est très relayée sur Twitter. Celle-ci est présentée comme le moment de l’explosion du barrage de la centrale hydroélectrique Kakhovka, installé sur la rive du fleuve Dniepr. La publication a déjà recueilli plus de 945.000 "vues". D’autres Tweetos diffusent les mêmes images. Une autre version fait plus de 337.000 "vues".

Le média français BFMTV a également utilisé ces images pour illustrer la destruction partielle du barrage et a publié une vidéo sur son compte Twitter à 6h11 ce mardi 6 juin. Le Tweet a depuis été supprimé mais une version archivée grâce à l’outil Wayback Machine est encore accessible.

Une vidéo mise en ligne par un site d’information russe en novembre 2022

En effectuant une recherche sur Youtube avec les termes "Kakhovka explosion", nous sommes rapidement tombés sur les mêmes images. L’une de ces vidéos a été mise en ligne par le média britannique "The Guardian", il y a plus de six mois.

Cette vidéo, mise en ligne le 12 novembre 2022, indique en commentaire (en anglais) : "Des images publiées sur le site d’information russe Izvestiya montrent le moment où une énorme explosion a secoué le barrage de Nova Kakhovka à Kherson. Des débris s’envolent du barrage tandis qu’un incendie se déclare. L’armée russe en retraite a fait sauter toutes les infrastructures majeures de la province de Kherson. Il n’y a plus de points de passage fixes entre la rive droite libérée du Dniepr et la rive gauche occupée, y compris la ville de Nova Kakhovka."

© Capture d’écran Youtube

Une vidéo, mise en ligne sur Auvio, le 12 novembre 2022 reprend également les mêmes images.

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Un Tweet avec les mêmes images, et daté lui aussi du 12 novembre 2022, avait également circulé suite à l’explosion sur le pont de la centrale. Il s’agit donc bien d’images d’une précédente séquence autour du barrage hydroélectrique de Kakhovka.

Sur Twitter, certaines publications publiées ces dernières heures et reprenant les images de 2022 ont été "contextualisées" par le réseau social à l’aide d’une mention indiquant qu’il ne s’agit pas de l’illustration des évènements récents. Elles continuent cependant à cumuler des "vues".

Russes et Ukrainiens se rejettent la responsabilité

La centrale hydroélectrique de Kakhovka et le barrage sont aux mains des Russes, tandis que la capitale régionale Kherson est repassée sous contrôle ukrainien en novembre, après huit mois d’occupation. Kiev et Moscou se rejettent la responsabilité de la destruction partielle du barrage.

Selon le ministre russe de la Défense, Sergueï Choïgou, ce "sabotage" vise à "empêcher les actions offensives de l’armée russe sur cette partie du front", alors que Kiev serait, selon lui, en train de transférer des troupes depuis ce secteur pour renforcer son potentiel d’attaque ailleurs. De son côté, l’Ukraine a accusé Moscou d’être responsable de la destruction du barrage, qui se trouve en territoire sous occupation russe, à la limite entre les positions des deux camps. Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a indiqué qu’il allait convoquer d’urgence son Conseil de sécurité.

Le barrage hydroélectrique de Kakhovka est situé à 150 km de la centrale de Zaporija dont il assure le refroidissement. Selon Kiev, le danger de catastrophe nucléaire à la centrale "augmente rapidement". La société ukrainienne exploitante, Ukrgidroenergo, a estimé, elle, que le réservoir du barrage "devrait être opérationnel durant les quatre prochains jours" mais son niveau décroît rapidement, menaçant le fonctionnement du système de sécurité de la centrale. Selon Moscou, la centrale, située sur les rives du Dniepr mais plus haut que le barrage attaqué, n’est pas menacée.

Interrogé par l’agence de presse Belga, un historien de l’Ecole Royale Militaire (ERM) a affirmé être "de plus en plus convaincu" que le barrage s’est effondré : "Je suis de plus en plus convaincu que ni les Ukrainiens ni les Russes n’ont fait sauter le barrage de Nova Kakhovka, mais qu’il s’est effondré en raison de bombardements antérieurs et de l’usure du temps", affirme Tom Simoens. "Cette destruction représente des avantages et des désavantages autant pour les Russes que pour les Ukrainiens."

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