Euro 2024

La diagonale de Manuel Jous : Domenico Tedesco, l'ère de la franchise ?

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Par Manuel Jous

Le changement de style nous était déjà apparu comme radical en mars, à l'heure de la première sélection rendue par Domenico Tedesco, on en a reçu une confirmation à l'occasion des mots entourant la divulgation de la deuxième. Le temps des grands discours prononcés par une bouche, certes souriante, mais dans laquelle gesticulait trop souvent une langue de bois, est bel et bien révolu. L'approche un peu "politique" et, parfois, trop circonvolutionnaire de Roberto Martinez, a fait place à un langage plus direct qui, à première vue, ne sert pas, lui, à masquer ou travestir certains pans trop dérangeants de la réalité. 

A la question de savoir si le sélectionneur a tenté de faire revenir Toby Alderweireld sur sa décision, celui-ci a joué la carte de la franchise : oui il l'a appelé, oui il a tenté le coup. Mais le héros du titre, sans doute une fois retombée l'euphorie de l'après-match, a refermé la porte qu'il avait entrouverte pendant le tour d'honneur... "Pas ce mois-ci, coach...". Et en septembre alors ? Pas certain non plus. Le contexte particulier de l'Euro espoirs (et de la mise à disposition de certains pions à Jacky Matthijssen) sera passé et, rappelle Tedesco, "n'oubliez pas qu'on parle d'un joueur qui a annoncé sa retraite, il faut respecter cela".

A propos d'Euro espoirs, on le sait depuis vendredi, quatre joueurs de l'équipe A viennent renforcer un effectif qui vise ni plus ni moins qu'un podium et une qualification pour les JO 2024 de Paris. L'échéance est importante, l'objectif louable. Mais tous les sélectionneurs n'ont pas toujours considéré le noyau espoirs avec la même déférence... Les résultats, le parcours des espoirs n'ont pas toujours été jugés comme incarnant une fin en soi. Ce qui fut, parfois, motif de discorde. Notamment entre Roberto Martinez et Johan Walem, quand le premier s'arc-boutait sur la conservation dans son groupe de jeunes éléments, essentiels un cran plus bas, mais qui n'allaient pas nécessairement recevoir la moindre minute effective un cran plus haut, lors de rendez-vous pour lesquels ils étaient conviés. La double casquette sélectionneur-directeur technique permettait certes le jugement panoramique du football belge, toutes catégories d'âge confondues, ce qui n'est pas négligeable. Mais, d'un autre côté, il empêchait le dialogue avec une autre personne (incarnée aujourd'hui par Frankie Vercauteren), susceptible de faire la part des choses avec davantage d'objectivité. 

Que Zeno Debast, Romeo Lavia, Charles De Ketelaere et, de façon plus surprenante peut-être vu ce qu'il a apporté en Suède, Johan Bakayoko, soient affectés à la mission géorgienne plutôt qu'au double rendez-vous des Diables Rouges, constitue certainement un exemple de "bonne gouvernance". A l'inverse, on ne s'attendait pas à ce que Ameen Al-Dakhil et Olivier Deman les croisent dans l'ascenseur... Ces deux noms constituent, plus que Mike Trésor (dont l'absence de Leandro Trossard et la qualité de la saison accomplie, rendaient presque inconcevable une non-sélection) ou Arnaud Bodart (repris comme 4è gardien pour pallier le forfait de Koen Casteels) la véritable (double) surprise de la liste. Aucune garantie que les deux gaillards reçoivent du temps de jeu, mais l'occasion leur sera au moins offerte de "goûter à...". Et dans le cas d'Al-Dakhiil, que l'on sait courtisé par l'Irak, son pays d'origine, la tentation sera grande de "bétonner" son appartenance à la Belgique avec une première apparition officielle qui, le cas échéant, aurait le même effet qu'avec le Belgo-Ivoirien Bakaoyoko à Stockholm...

 

"Les portes restent ouvertes"

Autre enseignement de la deuxième sélection de Domenico Tedesco : l'Allemand n'est pas quelqu'un qui condamne, ferme des portes ou tourne des pages de façon irrévocable. On l'a vu avec Toby Alderweireld qu'il a tenté de rappeler. D'autres Diables de la Coupe du Monde au Qatar, absents au mois de mars, effectuent leur retour. Pour Youri Tielemans, ce n'est pas une surprise puisque c'est une blessure qui l'avait privé du rassemblement printanier. Pour Michy Batshuayi (au sujet duquel Tedesco avait déclaré en mars "il vient de s'occasionner une petite blessure, mais je ne l'aurais quand même pas repris...") et Hans Vanaken, en revanche, on a la preuve que le sélectionneur compte encore sur eux, ce qui ne paraissait pas aussi évident de prime abord. 

Après la fidélité "envers et contre tout" de Roberto Martinez, son successeur semble prendre davantage en compte la forme du moment. Batshuayi et Vanaken ne l'ont pas séduit en mars, aujourd'hui oui. A l'inverse, Thorgan Hazard n'est pas repris parce que il ne joue pas beaucoup au PSV Eindhoven et que, surtout, il fait face à une très forte concurrence sur le flanc gauche. Est-ce la fin pour lui ? "Certainement pas !", assène le sélectionneur, qui rappelle que la porte est toujours ouverte au frère cadet d'Eden, idem pour le quasi-vétéran Dries Mertens, récent champion avec Galatasaray et qui "figure toujours sur les listes"...

En d'autres mots : franchise, discours direct et "portes ouvertes" semblent définir le style Tedesco face aux plumes et aux micros. Quant au style sur le terrain, on est impatient d'avoir, dans les deux prochaines semaines, une confirmation de ses encourageantes prémisses de mars.

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