Mai 2021. Ihsane Haouach est nommée commissaire du gouvernement auprès de l’Institut pour l’égalité des femmes et des hommes. Très vite, l’entrepreneuse sociétale est la cible d’attaques exigeant qu’elle soit démise de ses fonctions.
En cause : le foulard qu’elle portait déjà au moment de sa nomination. Choisie par Ecolo, Ihsane Haouach devient notamment la cible du président du MR, qui affirme défendre la neutralité de l’État dans des tweets largement relayés par les médias. Les réseaux sociaux s’enflamment.
Ce cyberharcèlement vécu comme sexiste et islamophobe pousse l’entrepreneuse sociétale à démissionner six semaines après son entrée en poste. Mais l’emballement médiatique repart de plus belle quelques jours plus tard : le bruit court qu’une note de la Sûreté de l’État serait à l’origine de cette démission.
Cette note, intitulée Récente nomination Ihsane Haouach, précise que l’ancienne commissaire du gouvernement est connue des services de la Sûreté en raison de "contacts étroits avec les Frères musulmans". Elle indique aussi que ces éléments doivent encore être évalués et que "pour autant que nous le sachions, Ihsane Haouach elle-même n’est pas membre des Frères musulmans et n’a jamais attiré l’attention en raison de positions extrémistes concrètes".
De cette expérience, "la plus douloureuse" de sa vie professionnelle, Ihsane Haouach tire aujourd’hui C’est pas personnel, un livre qui vient d’être publié aux Editions Academia. Le roman fiction s’inspire de sa propre histoire mais aussi de celles d’autres femmes victimes de cyberharcèlement. "Cela permet à d’autres personnes de se retrouver dans le récit et ça montre que les faits ne sont pas si importants : ce qui compte, c’est le ressenti qu’il y a derrière", explique-t-elle aux Grenades.