"La lutte contre les inégalités fait depuis toujours partie de l’ADN de Soralia, mais notre approche en tant que mouvement d’éducation permanente féministe a surtout été positive et pédagogique. Avec cette campagne, nous assumons une certaine violence graphique parce qu’il est important pour nous de faire prendre conscience au public des menaces de la montée de l’extrême droite", confirme aux Grenades Elise Voillot, chargée de communication pour l’association.
"L’outil chois a été une BD dystopique parce que la dystopie permet de se poser cette question : comment cela se passerait si… ? Nous avons mené des recherches et s’il s’agit ici d’une fiction, tout ce que l’on représente dans la BD s’est déjà produit quelque part dans le monde. A certains endroits, clairement, la réalité dépasse la fiction… Il y a longtemps, Soralia avait distribué un faux journal dans le cadre d’une autre campagne. On avait envie de retrouver ce ton cynique, mais de le pousser un cran plus loin. On s’est inspirées de certains univers que nous connaissons bien, parmi lesquels V pour Vendetta ou Hunger Games", poursuit-elle.
Le choix de créer une BD n’est pas anodin. "Les arguments de l’extrême droite se base sur le concept d’hégémonie culturel, c’est-à-dire qu’ils se basent sur de l’émotionnel et du narratif, plutôt que sur des faits réels. Il faut récupérer ces récits. On peut avoir un discours raisonné, critique, mais aussi parlant visuellement pour toucher nous aussi les émotions", précise Elise Voillot.
"En Belgique, on voit déjà les prémisses de la société créée dans la BD : les attaques contre le financement de la sécurité sociale ou encore les blocages politiques pour faire empêcher de faire avancer le délai dans lequel les femmes peuvent avorter à 18 semaines. On ne peut pas laisser les choses aller plus loin. Dans une BD, on peut laisser certains aspects implicites, ce qui permet d’ouvrir les échanges et de pousser le public à former son propre esprit critique", abonde Florence Vierendeel.
Outre la BD, d’autres actions sont prévues par l’association, qui entend bien investir l’espace public avec ce sujet : en mai 2024, au plus proche des élections, auront notamment lieu une campagne générale d’affichage, ainsi qu’une action coup de poing à Mons.