Alors que l’Ukraine et la Russie entamaient des pourparlers de paix insaisissables, il y avait une absence notable de femmes des deux côtés. Margot Wallström a tweeté : "Aucune femme n’a encore été vue dans les négociations ou dans les délégations diplomatiques discutant de la guerre en Ukraine. Faits : les femmes représentent la moitié de la population. Les femmes se battent et résistent. Les femmes souffrent et meurent. Les femmes s’occupent des enfants et des personnes âgées. Les femmes aiment leur pays autant que les hommes".
Pourtant, nous savons que si nous voulons obtenir des résultats meilleurs et plus inclusifs, les femmes doivent être incluses dès le début de toute négociation liée à un conflit, et pas seulement dans les étapes finales des négociations. Les bons résultats en dépendent.
Côté russe, cette absence n’est malheureusement pas une surprise. La Russie a beaucoup fait pour saper le programme "Femmes, paix et sécurité" et n’a aucune perspective pour sa mise en œuvre. Sans parler de la façon dont Poutine a construit sa propre image et son style de leadership autour du culte de la force militarisée macho-masculine. Il s’est fréquemment livré à des performances hypermasculines de pouvoir, chevauchant torse nu à cheval dans le sud de la Sibérie, s’exhibant avec des mitrailleuses ou citant des paroles de chansons sur le viol.
Côté ukrainien, l’absence des femmes est plus surprenante. Il s’agit d’un pays où les femmes composent 54% de la population, et nombre d’entre elles sont des féministes. On estime que les femmes représentent environ 17% de l’armée ukrainienne, ce qui signifie que plus de 30.000 femmes affrontent actuellement l’armée russe sur le champ de bataille.
Et leur résistance s’étend bien plus loin, dans ce qu’on appelle la "ligne de front arrière", une référence au terme militaire d’opérations arrière de soutien aux lignes de front : telle cette gérante stockant des fournitures médicales à côté d’un réfrigérateur de gâteaux fraîchement préparés dans sa pâtisserie ; cette couturière remplaçant la dentelle par du camouflage ; cette institutrice qui dirige une hotline de recherche des proches dans la ville assiégée de Marioupol… Une mobilisation générale rappelant l’Europe pendant la Seconde Guerre mondiale.
Aucune femme n’a encore été vue dans les négociations ou dans les délégations diplomatiques discutant de la guerre en Ukraine. Faits : les femmes représentent la moitié de la population. Les femmes se battent et résistent. Les femmes souffrent et meurent
Cette absence est encore plus surprenante sachant qu’en octobre 2020, le gouvernement ukrainien a approuvé son deuxième plan d’action national pour la période 2021-2025, visant à améliorer la participation des femmes et a lancé, en collaboration avec ONU Femmes, la campagne "Les femmes sont la clé de la paix". Comme ailleurs, les progrès sont lents dans les faits, même lorsque l’Histoire change.
L’OTAN ne montre pas non plus l’exemple. Bien que l’OTAN ait pour politique de mettre en œuvre le programme "Femmes, paix et sécurité", par exemple par le déploiement de conseillers et conseillères en matière d’égalité des genres, il est loin d’être évident qu’une perspective de genre ait été intégrée dans la réponse de l’OTAN à l’invasion russe. Ceci malgré le fait que le secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg, ait précédemment déclaré que "l’égalité des sexes fait partie intégrante de toutes les politiques, programmes et projets de l’OTAN".