Face à cette situation, un nouveau collectif a été créé : le collectif de Solidarité Judéo-Arabe. "Si nous voulons nous en sortir, nous devons arrêter de nous déshumaniser. Il faut créer du lien entre nous, nous devons nous parler, être dans le soin, pour aider le monde à aller un peu mieux. Ce n’est malheureusement pas très audible comme discours : on nous critique, on nous demande des comptes. Un collectif féministe nous a même dit que ce n’était pas le moment !", précise Ninon Berman.
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Une démarche qui se rapproche de celle du mouvement féministe français Les Guerrières de la Paix, fondé en mars 2022 sous l’impulsion de la réalisatrice et militante Hanna Assouline autour de femmes musulmanes et juives. Elles se sont rassemblées en réaction aux fortes tensions intercommunautaires liées aux répercussions du conflit israélo-palestinien.
"Nous avons choisi de nous unir pour porter une autre voi(e)x, celle du refus commun de l’assignation identitaire et celle du courage et de l’acceptation de l’Autre. Notre mouvement rassemble aujourd’hui des femmes de toutes cultures, croyances, origines pour faire front commun face à toutes les haines qui circulent dans notre société, notamment le sexisme, le racisme, l’antisémitisme, la haine des musulmans, la haine anti-LGBT et tous les ostracismes. À une époque où les luttes antiracistes sont divisées, opposées, mises en concurrence, où les entre-soi confortent la solitude haineuse et empêchent la connaissance et la compréhension de l’Autre, les Guerrières de la Paix affirment ensemble que tous ces combats sont les leurs", écrivent-elles dans leur manifeste. Le 18 octobre, elles publiaient une tribune dans Le Monde, appelant à soutenir les militant·es israélien·nes et palestinien·nes qui luttent pour trouver une issue pacifique au conflit.
C’est aussi la position d’AWSA. "Être féministe, c’est être solidaire de ce qu’il se passe en Palestine, parce qu’il s’agit d’une situation d’oppression, mais tous les crimes contre des êtres humains sont inacceptables et nous condamnons tous les actes racistes, dont les actes antisémites. Nous nous sentons parfois seules, surtout en tant qu’association rassemblant des femmes migrantes, avec un focus sur les femmes du monde arabe, même si de nombreuses associations féministes ont réagi et appelé à un cessez-le-feu, notamment Vie Féminine et Soralia. En tant que citoyen·nes, nous avons le pouvoir de faire pression en Belgique pour l’arrêt des bombardements", souligne Sarah Swaydan.
Une manifestation pour exiger un cessez-le-feu immédiat et permanent a été organisée à Bruxelles ce dimanche 17 décembre, rassemblant 27.000 personnes.
Israël fait face à une pression croissante de ses alliés dans sa guerre contre le Hamas. Le président américain Joe Biden a dénoncé des "bombardements aveugles" dans la bande de Gaza.
L’Assemblée générale de l’ONU a réclamé le 12 décembre "un cessez-le-feu humanitaire immédiat" à Gaza, dans une résolution adoptée par 153 voix pour, 10 contre, et 23 abstentions. Une majorité écrasante qui a même dépassé celles qu’avaient rassemblées les résolutions condamnant l’invasion russe de l’Ukraine.
Ce 18 décembre, le Conseil de sécurité de l’ONU doit se prononcer sur un nouveau texte appelant à une "cessation urgente et durable des hostilités" à Gaza. Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a affirmé le 16 décembre qu’il fallait y maintenir "la pression militaire".