Pour saisir les enjeux de cette exposition, quelques lignes sur ces héroïnes de l’ombre… Marguerite Chabiron a été arrêtée par la Gestapo en janvier 1944 pour avoir hébergé et aidé des résistantes nantaises en fuite. Elle a été déportée en septembre 1944 au camp de concentration pour femmes de Ravensbrück duquel elle a survécu. Henny Schermann, pour sa part, était une jeune femme juive de Francfort-sur-le-Main. Elle a été incarcérée dans le camp de Ravensbrück le 1er mars 1940. Qualifiée de "lesbienne érotomane" et de "juive apatride", elle figurait sur la liste des personnes à éliminer et a été gazée en 1942 à Bernburg.
Elsa Conrad, elle, est née en mai 1887 à Berlin. Dans les années 20, elle travaillait dans plusieurs dancings et clubs lesbiens de la capitale allemande, lieux interdits ensuite sous le régime nazi. Elle a été arrêtée en 1935 et condamnée en raison de ses positions politiques, de sa classification comme "demi-juive" et de son lesbianisme. Emprisonnée en 1937 au camp de Moringen, elle a été relâchée à condition de s’exiler.
Ces histoires entrent en échos avec le présent
Quant à Suzanne Leclézio et Yvonne Ziegler, elles se sont rencontrées à Paris dans les années 30. En 1943, elles se sont engagées dans la Résistance. À l’été 1944, elles ont été arrêtées par la Gestapo et déportées. Après le périple des marches de la mort, elles sont restées côte à côte, et ce, jusqu’à la fin de leurs jours en maison de repos.
Eva Kotchever, elle, est née en Pologne dans une famille juive. À l’âge de 20 ans, elle a émigré aux États-Unis. Dans les années 20, elle y a ouvert des lieux anticonformistes avec sa compagne Ruth Norlander, une peintresse anarchiste. Aussi, elle a publié Lesbian Love. En 1926, elle a été arrêtée pour "trouble à l’ordre public" et "publication d’un livre immoral". Expulsée des États-Unis et exilée en Pologne, elle a ensuite gagné la France où elle a rencontré en 1933 Hella Olstein Soldner, une artiste juive et résistante d’origine polonaise. Elles ont été arrêtées en 1943 et déportées vers Auschwitz-Birkenau, d’où elles ne sont jamais revenues.