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"Nous n’avons pas peur" : un cri lancé par les femmes iraniennes

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Par Fanny De Weeze*, une chronique pour Les Grenades (contenu indépendant de la rédaction)

En Iran, depuis le 16 septembre 2022, jour de la mort de Jina Mahsa Amini, des milliers de femmes bravent les interdits qui les entravent et les empêchent de vivre en sécurité, sans craindre la violence ou la mort.

La situation ne date pas de ce moment : dès 1979, les Iraniennes ont été menacées pour un oui ou pour un non. Elles bravent désormais leur peur et ont entamé leur révolution.

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Natalie Amiri & Düzen Tekkal sont allées à la rencontre de 16 femmes iraniennes, exilées en Allemagne ou résidant toujours en Iran, par le biais de lignes téléphoniques ou de courriels, pour récolter des témoignages sur le changement colossal en cours. Des témoignages rassemblés dans le livre Nous n’avons pas peur. Le courage des femmes iraniennes.

Ces seize femmes sont représentatives de la lutte de toutes les femmes en Iran. Leur combat n’a pas commencé en septembre 2022. Il dure depuis plus de quatre décennies

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Cœur du projet

Natalie Amiri, journaliste et autrice germano-iranienne, et Düzen Tekkal, politologue d’origine kurde yézidie, ont lancé le projet de réunir dans un livre des paroles d’Iraniennes, connues ou anonymes, afin que leur voix soit largement diffusée de largement et entendue par le plus grand nombre.

Si nous avons toutes et tous en mémoire les images des manifestations, suite au meurtre de Mahsa, ainsi que des vidéos de ces femmes bravant les autorités, les cheveux au vent et le visage empreint de colère, nous disposons de peu de témoignages de ce qui se vit dans leur intimité et dans leur chair. Chacune des seize femmes réunies par Natalie Amiri et Düzen Tekkal, avec leur singularité et leur expérience de vie, apporte leur réalité, leurs doutes et leurs espoirs pour un nouvel Iran en pleine mutation.

Dans ces témoignages, certaines femmes se dévoilent parfois au péril de leur vie. A l’instar de Ghazal Abdollahi et Narges Mohammadi, qui ont déjà vécu ou vivent encore l’enfer de la prison et des violences qui accompagnent ces détentions. Surveillées, assignées à résidence, leur vie est mise en parenthèse et malgré cela, elles continuent de militer avec peu de moyens mais avec une résistance acharnée.

Des portraits nécessaires

Qu’elles soient d’origine iranienne ou issue d’une frange de l’Iran, ces femmes ont viscéralement la volonté que ce pays qu’elles aiment change de visage et se métamorphose en un lieu plus humain et plus égalitaire.

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Chacune d’elles possède une histoire complexe avec l’Iran. Quand Leily exprime sa peur de sortir alors qu’auparavant elle était insouciante, quand du fond de sa cellule, Narges Mohammadi, Prix Nobel de la paix, raconte l’enfer mais aussi la ténacité pour continuer à manifester quand elle sera sortie, quand Shirin Ebadi, également détentrice du Prix Nobel de la paix, évoque la volonté de rassembler toujours plus de femmes autour du besoin de révolutionner l’Iran, quand Golshifteh Farahani, actrice reconnue, utilise sa notoriété pour alerter les différents dirigeants du monde, quand Fariba Balouch, iranienne et Baloutche, se bat pour les droits des personnes de sa communauté opprimées par la République islamique, on ne peut que constater la diversité des témoignages et reconnaitre l’importance de chacun.

Les journalistes se sont également tournées vers des femmes issues de minorités religieuses ou ethniques.

Si la peur est mise de côté, il reste la crainte de la violence dont sont capables les gardiens de la révolution envers ceux et celles qui ne suivent pas les rangs. Combien de témoignages affluent pour décrire l’horreur des prisons telles que celle d’Evin.

Nous avons un proverbe en Iran : "Un mur qui s’effondre ne peut tenir longtemps." Et ce régime iranien est comme un mur lourdement endommagé. Il tombera, c’est une certitude.

Dans ces lieux où la dignité humaine est bafouée afin d’extorquer des informations, les prisonniers sont contraints d’avouer des crimes qui ne sont rien d’autre que le désir d’être libres.

Pour retirer toute l’essence et l’importance de ces récits, les lecteurs et lectrices pourront lire ces témoignages par petites touches et se fondre complètement dans les vies de ces seize personnalités à connaitre.

Nous n’avons pas peur est un cri lancé pour les générations présentes et futures. Pour que les petites filles d’Iran ne connaissent pas la peur et qu’elles puissent enfin être libres.

Avec les témoignages de : Golshifteh Farahani, Ghazal Abdollahi, Parastou Forouhar, Shohreh Bayat, Shila Behjat, Ani, Nargess Eskandari-Grünberg, Fariba Balouch, Rita Jahanforuz, Jasmin Shakeri, Shirin Ebadi, Masih Alinejad, Narges Mohammadi, Nazanin Boniadi, Nasrin Sotoudeh, Leily.

Nous n’avons pas peur, Le courage des femmes iraniennes, Par Natalie Amiri & Düzen Tekkal, Avec le témoignage de Golshifteh Farahani.

Traduit de l’allemand par Mathilde Ramadier, sauf pour le témoignage de Golshifteh Farahani, recueilli par Sophie Caillat.

Editions Faubourg, mars 2024, 208 pages, 18€.

*Fanny De Weeze est une lectrice passionnée qui tient un blog littéraire (Mes Pages Versicolores) depuis 2016 sur lequel elle chronique des romans, des essais et des bandes dessinées.

Si vous souhaitez contacter l’équipe des Grenades, vous pouvez envoyer un mail à lesgrenades@rtbf.be

Les Grenades-RTBF est un projet soutenu par la Fédération Wallonie-Bruxelles qui propose des contenus d’actualité sous un prisme genre et féministe. Le projet a pour ambition de donner plus de voix aux femmes, sous-représentées dans les médias

 

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