Selon les derniers chiffres du Forem, le taux d’emploi belge des travailleurs âgés de 55 à 64 ans se situe sous la moyenne européenne. "En 2022, ce taux est de 62,3% pour les 27 États membres, de 56,6% pour la Belgique et de 51,8% pour la Wallonie", explique l’étude. Et même si la tendance est à la hausse, principalement dans les flexi-jobs, il est encore souvent compliqué de retrouver un emploi après 50 ans.
C’est ce qu’a vécu Marc Minten, ce Hennuyer a travaillé 32 ans chez Makro à Lodelinsart. Mais l’an dernier, avec la faillite de la célèbre enseigne, il se retrouve sur le carreau : "Ça a été difficile", nous confie-t-il, "j’ai toujours travaillé, du jour au lendemain, je me suis retrouvé sans emploi, sans but. Les premières semaines, j’étais confiant… Mais très vite, j’ai eu peur. Je pensais au chômage qui allait diminuer, je tournais en rond. À la fin, je ne faisais plus que de regarder la télévision. Le moral en prenait un coup."
Ce n’est pourtant pas faute d’essayer de retrouver du travail : "J’ai tout de suite postulé partout. Dans des grandes surfaces et dans des agences d’intérim. Mais personne ne me répondait." Marc en est persuadé, il a été victime d’âgisme : "C’est mon âge qui posait problème. Des collègues plus jeunes postulaient dans les mêmes endroits que moi et retrouvaient du boulot. Moi, on me laissait sans réponse."
Un nouveau souffle
C’est un peu par hasard que Marc répond à un Job Day d’Infrabel. Très vite, il est contacté et passe un premier entretien. "J’ai eu un coup de fil. Ils m’ont posé quelques questions, pour voir si j’étais apte au travail. Quelques questions techniques aussi. Puis j’ai été pris dans le parcours de formation."
Après quelques semaines de formation à Bruxelles et sur le terrain, Marc est aujourd’hui technicien de voies. "C’est un nouveau souffle. Je travaille dehors après avoir été enfermé dans un magasin toute ma vie, j’ai de chouettes collègues, je me sens bien", nous confie-t-il.
C’est le même sentiment pour Pascal Basso, 56 ans. Après plusieurs déconvenues professionnelles et 12 ans dans la sécurité, il avait envie de voir d’autres choses : "J’avais besoin de bouger. On a commencé une formation de plusieurs mois. On était sur le terrain et aux études à Bruxelles. Aujourd’hui je suis sur le terrain avec des plus jeunes, j’apprends, je m’adapte. "
Laurent Inkeleer est contremaître, c’est lui qui forme les nouvelles recrues : "Je suis épaté à chaque fois. Ils sont extrêmement motivés et positifs. Il faut l’être pour reprendre des études à Bruxelles à plus de 50 ans !"
Alors qu’ils étaient souvent parmi les plus anciens, ces nouveaux travailleurs deviennent "les petits nouveaux" autour de collègues souvent plus jeunes : "Ça se passe généralement très bien", explique Laurent Inkeleer, "pour les tâches les plus lourdes, ils s’entraident."
"Ces travailleurs sont une force pour l’entreprise"
Infrabel engage chaque année une centaine de travailleurs de plus de 50 ans : "Ces travailleurs sont une richesse pour l’entreprise", explique Jessica Nibelle, porte-parole. "Ils constituent une force importante dans nos équipes. Quand on a 50 ans, on a encore une longue et riche carrière devant soi. Ça nous semble donc important de pouvoir engager ce type de profil très motivé."