Un jardin pour se réinventer ? Le jardin partagé

Un petit enclos très discret au cœur de Gilly, propriété de l’école Francois de Sales. On y descend à pieds par un escalier qui s'enfonce dans la nature. Marie-Rose s’y sent chez elle. Elle accueille ce jour-là, la section maternelle de l’école des Haies. Une bande de terrain, une planche comme dit avec précision Eric , " l’architecte du jardin ", leur est réservée. Et les bouts de chou s’en donnent à cœur joie. Mission du jour : repiquer les fraisiers. Et en avant les petites pelles et les petits râteaux. Certains, plus curieux que d’autres n’hésitent pas à prendre en main un vers de terre avant de le redéposer délicatement dans sa maison comme leur explique Marie-Rose. Même si elle a deux petits-enfants dont elle a la responsabilité, Marie-Rose, c’est la mamy de tous les enfants qui passent par le Jardin des vallées au fil des saisons. Faire la classe en pleine nature avec pour guides au potager les bénévoles du jardin partagé, une aubaine pour l’équipe pédagogique qui encadre ces petits citadins, souvent privés de jardins. Et quand les tâches au jardin sont terminées, un petit espace récréatif équipé d’un tobogan et de quelques jeux de récupération permet aux enfants de faire de la psychomotricité en toute liberté, sous le regard attentif et réjoui de leurs institutrices.

C’est elle qui a eu l’idée de partager cet écrin de verdure avec les écoles des environs. Entourée d’un noyau de 5 ou 6 bénévoles, Marie-Rose sait qu’en cas de coup dur, elle peut compter sur la solidarité de tout un réseau. Et cela aussi, c’est très précieux. Au royal garden ou au jardin des casseroles voisins, elle sait qu’elle a des amis sur qui compter. Une autre alliée indéfectible, c’est Julie de la MPA (Maison pour associations) : c’est elle qui gère le réseau Jaquady au sein de l’asbl et qui est toujours là pour le coup de main quand il s’agit d’organiser un événement, petit ou grand.

Une aide précieuse car, chacun le sait, démarrer un projet collectif suppose de s’appuyer sur des bonnes volontés qui parfois s’épuisent, c’est le lot de toute action basée sur le bénévolat. Pour affronter les hauts et les bas, rien de tel que de se serrer les coudes, c’est tout le sens du réseau. Julie s’emploie à mettre en contact les différents jardins en créant des événements, en mettant en lien les citoyens qui se sont engagés dans un projet de jardin partagé dans leur quartier. Parcelles collectives ou individuelles, terrain privé ou communal, l’idée c’est de se réapproprier son cadre de vie en produisant des fruits, des légumes, des fleurs, des herbes aromatiques dans une démarche écoresponsable. Et puis surtout, de créer des liens sociaux dans le quartier.

Nés d’initiatives citoyennes, tous les jardins partagés du réseau, aussi différents soient-ils, ont en commun le sens du partage. De belles rencontres s’y font, tous statuts sociaux confondus. Tout n’y est pas toujours rose mais franchir les obstacles, c’est souvent resserrer les liens. Jaquady sème le partage et tu récolteras la solidarité, c’est ce qu’il fallait démontrer. Et c’est fait. Pour faire partie du réseau, chaque projet est soumis à une charte qui a pour seule vocation de rappeler haut et fort les valeurs de respect de la terre et de tous ceux qui l’habitent, du vers de terre à Marie-Rose qui a ensoleillé ma journée, un matin de printemps.

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