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Belgique : comment lutter contre la hausse de la criminalité liée aux trafics de drogue ?

Déclic

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Par Valentine Rasquin

Lors de la Soirée spéciale Déclic diffusée ce lundi 22 avril sur La Trois, un sujet crucial a été abordé : la Belgique est-elle en train de devenir un narco-État ? Plusieurs idées majeures ont émergé de cette discussion, soulignant l’importance de rester vigilant malgré l’accord général des intervenants sur le fait que la Belgique n’est pas encore un narco-État.

Julie Morelle a réuni sur le plateau de son émission Déclic plusieurs experts du trafic de drogue et de la criminalité, mettant l’accent sur la situation à Bruxelles, mais aussi à Liège et à Anvers. Ine van Wymersch, commissaire nationale aux drogues; Michael Dantinne, professeur de criminologie à l’ULiège; Sophie Lavaux, directrice générale de safe.brussels; Nils Duquet, directeur de l’Institut flamand pour la paix; et Alain Vlaemynck, commissaire de police de la zone Bruxelles-Nord, se sont réunis pour analyser les causes et les solutions potentielles à cette montée de la criminalité.

La corruption : un facteur omniprésent et indispensable pour les réseaux criminels

Michaël Dantinne désigne la corruption comme le principal moteur du trafic de drogue en Belgique, soulignant que 71% des 800 réseaux criminels identifiés dans le monde ont recours à cette pratique. Selon lui, la Belgique doit encore progresser dans ce domaine : "On amène très peu d’affaires dans ces matières devant les tribunaux chez nous. Il faut faire des efforts législatifs et d’enquête pour arriver à mieux faire." Il insiste sur l’importance de la prévention et de la répression pour lutter contre cette méthode.

La Belgique devient-elle un narco-État? La réponse de Michaël Dantinne

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Pour ce qui est de la corruption au sein de la police, Alain Vlaemynck se veut rassurant en affirmant qu’une plus grande culture d’intégrité sera mise en place, en renforçant notamment des mesures de surveillance.

Ine Van Wymersch souligne l’importance de sensibiliser les élèves dès l’école pour lutter contre la corruption. Elle met en garde contre le recrutement par les criminels de personnes susceptibles d’occuper des postes clés dans la société. "Les formations qui les attirent sont vraiment larges : ça peut être des gens qui travaillent pour l’administration, pour la douane, pour la police, des gens qui travaillent dans le monde bancaire (pour ne pas dénoncer des transactions frauduleuses et suspectes), ça pourrait même être un magistrat (pour avoir accès à des données)", explique-t-elle. Elle souligne également que les criminels n’hésitent pas à menacer les familles des personnes concernées pour les contraindre à accepter la corruption.

Des armes trop facilement accessibles

Selon Nils Duquet, pour éviter une transformation en narco-État, la Belgique doit accorder une attention particulière à la question des armes à feu :

C’est devenu beaucoup plus facile d’acquérir des armes à feu. Les jeunes utilisent ces armes, ce qui veut dire qu’il y a beaucoup plus de fusillades.

Il ajoute : "Les gens ne se sentent pas en sécurité dans leur quartier, les criminels n’ont eux-mêmes pas un sentiment de sécurité, c’est pour ça qu’ils demandent plus d’armes. Il y a donc plus de trafic, plus de disponibilité, plus de violence. C’est ce cercle qu’on doit arrêter le plus vite possible."

Cette accessibilité accrue aux armes découle principalement de deux sources : la conversion de pistolets d’alarme, principalement d’origine turque, en armes à feu fonctionnelles, ainsi que l’importation d’armes réactivées de Slovaquie. De plus, la facilité de fabrication d’armes artisanales en commandant des pièces détachées dans le monde entier contribue à ce problème.

Un problème sociétal

Ine Van Wymersch souligne que la criminalité tire ses racines en partie d’un problème sociétal. Elle explique : "Les criminels utilisent de la main-d’œuvre 'jetable', c’est-à-dire des mineurs qui n’ont aucune perspective de vie, ou des gens en situation vulnérable car ils n’ont pas de titre de séjour. Ils sont éloignés de notre société et n’ont aucun attachement à notre vie sociale."

Ces individus délaissés, en raison de leur absence de lien avec la société, n’éprouvent pas de scrupule à commettre des actes criminels. Pour la commissaire nationale aux drogues, il est donc impératif de réformer notre société, "avec tout le monde à bord", pour réduire cette "main-d’œuvre jetable".

La criminalité liée au trafic de drogue est-elle une priorité politique ? Avons-nous les moyens de lutter ? Quelle est l’importance de la coopération internationale ? Pour répondre à ces questions, retrouvez le débat Déclic dans son intégralité sur Auvio.

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