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Famille

Les émotions, le kit de survie de nos bébés : comment gérer les besoins émotionnels des enfants ?

Tendances Première: Le Dossier

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Par La Première

Tous les parents connaissent ce sentiment : on aimerait être comme une petite souris et voir ce qui se passe en milieu d’accueil de nos enfants. Une confiance absolue est nécessaire pour accepter l’idée que notre progéniture est entre de bonnes mains. Des mains expertes et en suffisance pour garantir la sérénité de nos petits bouts. Comment ces professionnels de la petite enfance arrivent-ils à gérer les besoins émotionnels de nos enfants ? Les colères et les chagrins demandent beaucoup d’attention, quel lien se lie avec les puéricultrices ? Autant de questions abordées par Tendances Première avec Sylvie Anzalone, porte-parole de l’ONE et Julie Nauwelaerts, conseillère pédagogique ONE.

Des réactions émotives qui ne sont en aucun cas intentionnelles

Lorsque l’on parle d’émotion enfantine, on confond souvent les émotions et l’expression de ces émotions. À chaque étape de son développement, l’enfant va ressentir et vivre ses émotions de manière plus au moins envahissante pour lui, avec une conscience relative de ce qui se passe dans son corps, dans sa tête et son esprit. Comment accompagner le jeune enfant dans ses émotions : leur faire place, toujours les accueillir, parfois les nommer et quelques fois les contenir ? Des études en neurosciences ont pu objectiver les observations qui étaient faites par les psychopédagogues. Les émotions dans le comportement de l’enfant ne sont en aucun cas intentionnelles.

"Il s’agit vraiment d’une réactivité. Une réactivité, un éprouvé interne qui peut être une sensation de froid, de faim, de sommeil ou d’être tout simplement contenu par l’adulte, pris dans les bras. Cela génère en soi une anxiété, le corps se met dans un déséquilibre qui provoque l’émotion. Et dès lors, l’émotion s’exprime de manière corporelle."

Cette émotion va être limitée dans le temps, elle traverse le corps. D’ailleurs, l’étymologie du terme 'émotion' vient du verbe latin 'emovere' qui se traduit par 'mettre en mouvement' ou encore 'agiter'.

"Ces mouvements vont être de trois types. Il y a du mouvement physique, le fait de courir, de crier, pleurer, manifester. Mais il y a également des mouvements qui vont être plus internes. Un peu comme moi aujourd’hui, j’ai un petit peu d’émotion, donc j’ai peut-être la voix qui s’accélère, la température qui augmente. Puis il y a des stimulations plus internes encore, qui vont être du micromouvement hormonal. C’est que les émotions peuvent engendrer du stress et vont mettre en mouvement le corps. Donc, cela démontre que les émotions font partie de l’enfant. Elles ne sont en aucun cas dans sa maîtrise."

Cultiver le lien pour acquérir l’autonomie

Pour ces enfants de quelques semaines à trois ans, tout peut-être source d’angoisse. Que ce soit des ressentis interne ou externe. A sa naissance, il naît avec le kit de survie : les pleurs. Les pleurs vont déclencher chez l’adulte l’empathie, le besoin de prendre soin de l’enfant. Ce n’est pas parce qu’on répond à l’appel d’un enfant dès qu’il pleure, qu’il va devenir capricieux ou dépendant de l’adulte, bien au contraire. Prendre soin des pleurs du tout-petit, c’est aussi lui permettre par la suite d’être plus autonome.

"Les études prouvent que ce lien d’attachement est vraiment très important. Il passe par cette contenance dans les bras. Si l’adulte n’accompagne pas ces pleurs-là, l’enfant se sent complètement démuni. L’enfant va interpréter comme un désintérêt. Face à moi, l’autre ne fait pas attention à ce que je manifeste. Cela signifie que dans sa construction, dans son estime de lui, il va se construire avec ce sentiment de 'lorsque je manifeste une émotion, on ne m’écoute pas, je n’ai pas beaucoup d’importance' ". L’autre n’est pas identifié comme un aidant, l’autre n’est pas quelqu’un qui m’accompagne. Donc cela va créer effectivement des grosses difficultés dans la relation à soi et à l’autre dans l’avenir."

Le fait d’accueillir l’émotion va avoir un effet apaisant sur l’enfant. Lui apprendre à gérer la frustration est un apprentissage de vie extrêmement important socialement. Le fait de nommer, de dire les choses, c’est non seulement accueillir, mais c’est aussi apprendre à l’enfant à donner un vocabulaire à ce qu’il ressent, à ses propres émotions. Des étapes indispensables pour un épanouissement futur.

La vie sociale en milieu d’accueil, une base pour l’avenir.
La vie sociale en milieu d’accueil, une base pour l’avenir. © Getty Images – FatCamera

Ces moments de lien qui favorisent l’apprentissage de la solitude

Les puéricultrices vont travailler sur l’enjeu de l’individualisation à un moment qualitatif. En donnant l’opportunité à l’enfant d’avoir une relation individuelle à l’adulte. Une présence investie, où le soin n’est pas juste de donner à manger ou de changer un lange, mais une réelle disponibilité, là ou ces échanges se tissent entre l’adulte et l’enfant.

"Ces moments lui permettent d’être tellement nourri de la relation qu’il aura plus facile à pouvoir se retrouver seul à certains moments, à prendre du plaisir dans le jeu autonome. Dans ces moments individuels qu’elles nourrissent, où elles créent de la relation et beaucoup de présence, elles font du préventif par rapport à ces enfants. Alors quand plusieurs enfants pleurent en même temps, il y a aussi la présence qu’elles peuvent mettre au niveau des mots, comment elles vont réagir à cette sollicitation. Une des premières actions vers l’enfant, c’est de pouvoir reconnaître : 'Je vois que tu pleures et que tu as besoin de moi. Et peut-être que là, je suis occupée avec un petit copain, mais après je serai là.' Donc les mots sont importants pour l’accompagnement de ces pleurs. Qu’ils ne soient pas laissés sans réponse. Ça c’est vraiment important."

Savoir reconnaître et accueillir les émotions des plus petits est bénéfique pour leur développement personnel.
Savoir reconnaître et accueillir les émotions des plus petits est bénéfique pour leur développement personnel. © Getty Images

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