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Soyouz 1 : le destin tragique de Vladimir Komarov, le premier mort de l’espace

L'Heure H

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Par La Première, sur base d'un texte de Jacqueline Vanderbeke

Le 24 avril 1967, Vladimir Komarov survole la planète bleue. Voilà plusieurs heures que l’astronaute est en orbite autour de la Terre. Il est à bord du vaisseau Soyouz 1, fleuron de la recherche spatiale soviétique, qui doit prouver la supériorité russe sur l’Amérique, dans la course aux étoiles.

Voilà des mois, des années, que les ingénieurs russes, les pilotes, les scientifiques travaillent à cette mission pas comme les autres. Cela devait être une fête, une célébration de la puissance soviétique confiée à un certain Leonid Brejnev, alors Premier ministre. La grandeur de l’URSS devait s’afficher par-delà les nuages, avec le double décollage des fusées Soyouz.

Soyouz 1 : objectif Lune

Wladimir M. Komarow.

Depuis la fin des années 50, les Russes enchaînent les premières : le satellite Spoutnik en 1957 ; le premier homme dans l’espace, Youri Gagarine, en 1961 ; la première femme dans l’espace, Valentina Terechkova en 1963 ; le premier vol à plusieurs, commandé par Vladimir Komarov en 1964. De leur côté, les Etats-Unis mettent tout en œuvre pour rattraper leur retard.

Ce sont des années de grande exaltation pour les passionnés de l’espace. La concurrence est aussi une grande émulation pour les deux nations, prêtes à tout pour être les premières en tout.

Après le succès de sa première mission en 1964, Komarov gagne en prestige et est affecté à un nouveau programme, intitulé Soyouz. Le programme a, en fait, été lancé au début des années 60. Son objectif est clair : parvenir un jour et le plus vite possible à envoyer un homme fouler le sol lunaire.

Dès 1965, on procède à la sélection des cosmonautes qui pourraient, potentiellement, prendre part à la mission Soyouz. Les noms de Vladimir Komarov et Youri Gagarine, tous deux commandants de bord, sont retenus. En mars 1966, les équipages des deux vaisseaux Soyouz 1 et Soyouz 2 sont désignés. Komarov sera seul aux commandes du premier. Son suppléant n’étant autre que Youri. A bord de l’autre engin, on retrouve Bykowky, Khrounov et Elissev.

Les préparatifs vont bon train. Un peu trop même… A force de regarder ce qui se fait à l’Ouest, on en vient à bâcler certaines tâches et à ne plus miser sur la sécurité des hommes qui vont s’envoler dans cet espace encore si méconnu.

Les cosmonautes qui travaillent sur le projet Soyouz, bien que très fiers de faire partie d’une telle aventure, sont aussi conscients des manquements dans la conception des vaisseaux. S’il y en a un qui est particulièrement furieux, c’est Youri Gagarine. Il sait ce que c’est que de s’envoler seul dans l’espace : il est le premier homme à l’avoir fait.

En dépit de tous les voyants qui sont au rouge vif, en dépit des notes, des lettres, des recommandations… les responsables de la mission continuent d’avancer. Il ne faut surtout pas décevoir le pouvoir en place.

Alors, le 23 avril 1967, on met tout en place pour le lancement…

Vladimir M. Komarov en conversation avec le cosmonaute Youri Gagarine.
Vladimir M. Komarov en conversation avec le cosmonaute Youri Gagarine. © ADN-Bildarchiv/ullstein bild via Getty Images

Un vol catastrophique

Soyouz 1 décolle donc le 23 avril 1967, à 00h35. Et rapidement, le vaisseau atteint une orbite située autour de 220 km d’altitude. Tout aussi rapidement, les ennuis commencent…

D’abord, Vladimir Komarov constate qu’un panneau solaire, qui alimente Soyouz en électricité, ne s’est pas déployé. Le vaisseau est donc condamné à fonctionner avec moitié moins d’énergie. Mais ce n’est pas tout. Komarov se rend ensuite compte qu’une antenne de secours a obstrué un senseur stellaire, indispensable au contrôle du vaisseau. Peu de temps après, ce sont les communications à haute fréquence qui cessent de fonctionner. Il est seul, dans un habitacle de 9 mètres cubes.

A Baïkonour, on sait déjà qu’on court tout droit à la catastrophe. Pourtant, un communiqué officiel est envoyé à l’agence qui relaie l’information, qui tient en trois mots : "Tout va bien".

Or, tout ne va pas bien du tout pour Vladimir Komarov. Pendant cinq heures, il va tout tenter pour trouver une solution qui lui laisserait la vie sauve. En vain. Entre les 13e et 14e orbites, les communications sont carrément rompues. Là-haut, seul, un homme fait le tour de la terre, encore et encore, avec au fond de lui une certitude : il ne reverra jamais ni sa femme, ni ses enfants.

A 3h22, Soyouz percute la Terre et prend feu. Vladimir Komarov meurt sur le coup. C’est à 1200 kilomètres de Moscou, dans l’immense steppe d’Orenbourg, que l’on retrouve le vaisseau Soyouz, dont il ne reste rien, ou presque. Le choc a provoqué l’explosion des moteurs à poudre, la capsule a été majoritairement détruite par le feu. La plus grande partie reconnaissable du corps de Komarov, dans les décombres, sera l’os de son talon.

Après l’accident, Komarov devient un héros national. Son ami de toujours, Youri Gagarine tentera de révéler à plusieurs reprises les conditions de ce terrible accident. Une quête de la vérité qui pourrait bien le mener à sa propre perte ? Découvrez l’intégralité de cette histoire tragique, dans ce podcast de L’Heure.

L’épouse de Komarov, Valentina, sur la tombe du cosmonaute sur le mur du Kremlin en 1967.
L’épouse de Komarov, Valentina, sur la tombe du cosmonaute sur le mur du Kremlin en 1967. © ullstein bild/ullstein bild via Getty Images

► Écoutez l’entièreté de ce récit dans le podcast ci-dessus, et bien d’autres destinées qui ont basculé à L’Heure H avec Jean-Louis Lahaye, du lundi au vendredi de 15h à 16h sur La Première et en replay sur Auvio.

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