Quand on pense à quel point Amy Winehosue a été exploitée et traquée de son vivant, et ce film qui vient réveiller certains fantômes lucratifs, on peut en effet se questionner sur la pertinence d’une telle production ; d’autant plus qu’on a déjà eu droit à l’excellent documentaire "Amy" signé Asif Kapadian, primé aux Oscar et sorti il y a quelques années.
L’angle d’attaque de "Back to Black" est surprenant. Le destin d’Amy est déjà clairement édulcoré, on aperçoit à peine une pipe à crack, le côté trash de l’addiction est totalement lissé, le thème de la santé mentale est, lui, à peine abordé, un film aseptisé.
Du côté rock’n’roll, on est à côté de la plaque. Mais d’un autre côté, je trouve ce choix d’un ton qui insiste sur l’artiste romantique, plutôt que sur l’addict pathétique, est assez respectable, on ne tire pas du tout sur la corde du voyeurisme. Et je vais même vous étonner, après mes arguments contre, j’ai tout de même pris beaucoup de plaisir à regarder "Back to Black". Je l’ai ressenti comme le portrait, universel en fait, d’une jeune fille des années 2000. On se concentre sur l’intime d’une jeune femme : ses rêves, ses envies de famille, ses relations avec ses parents, ses amours évidemment… Si on va voir ce film en se disant qu’on va y découvrir un conte de fées qui tourne mal, inspiré de la personnalité d’Amy Winehouse, il est fort probable d’être touché. Touché par la nostalgie de l’époque glorieuse de la pop londonienne, touché par l’actrice et son implication folle dans son incarnation. Marisa Abela n’est pas son exact sosie mais très vite, la diction, les attitudes, l’intensité sur scène, tout est là, et ça fonctionne. Ce que je retiens du film : du respect pour l’artiste, de la tendresse pour la femme blessée. "Back to Black" ne va pas devenir une référence dans le domaine du biopic mais il pourrait plaire aux nostalgiques d’une certaine atmosphère british, moins, soyons francs, aux vrais fans d’Amy Winehouse.