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Les disquaires : retour gagnant ?

Record Store Day 2014 – Rough Trade East In London

© 2014 Burak Cingi

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Par Frederic Vandecasserie

Il est encore un peu tôt pour vraiment en conclure que c’est une tendance de fond. Pourtant, avec la réouverture du mythique disquaire HMV à Londres, suivi par deux ouvertures de cette enseigne, à Wijnegem et Bruxelles, on se dit que les vendeurs physiques de supports non-moins physique n’ont peut-être pas dit leur dernier mot. Mieux, même : qu’ils renaissent de leurs cendres.

On ne s’y attendait pas trop, mais voir deux magasins dédiés à l’enseigne spécialisée HMV débarquer en Belgique, cela tenait de l’impensable il y a un petit moment encore. Et pourtant… " Nous sommes très optimistes sur l’avenir des magasins physiques ", déclare Doug Putman, big boss de la chaîne. " Même si les ventes se font aussi sur Internet, nos clients aiment venir en boutique. " Ce que Philipp Halliday, Directeur des magasins, confirmait par ailleurs récemment à nos confrères de l’Echo : " La musique virtuelle est majoritaire, mais il y a encore de la place pour les supports physiques. Nous constatons d’ailleurs, au Royaume-Uni, un léger redémarrage des ventes de CD, moins chers que les vinyles et donc plus attrayants pour les jeunes et qui attirent aussi les collectionneurs. C’est le cas aussi en Belgique. Nous prévoyons d’ailleurs d’ouvrir à moyen terme d’autres magasins en Belgique, notamment un deuxième à Anvers, mais aussi à Liège, Charleroi ou Gand. "

Les disquaires, défenseurs de la diversité musicale…

Le retour des magasins de disque serait-il un autre effet positif collatéral du regain de forme du vinyle ? C’est ce que pense ce disquaire parisien : "On a envie de rester confiants quant au futur du vinyle. Ce qui est très important, c’est qu’on voit que notre clientèle se diversifie. Et le vinyle a prouvé qu’il était complémentaire dans les pratiques d’écoute musicale avec le numérique. Le numérique nous permet de découvrir beaucoup de choses, est confortable et pratique, peu onéreux. Et on peut inscrire dans le temps sa collection de disques grâce au vinyle et le partager autrement." "Même si monter un magasin de disques est une aventure risquée", tempère Pascal Bussy, directeur du Calif (Club action des labels et des disquaires indépendants français. " On dit qu’ils vont bien, mais chaque magasin reste fragile. Situés dans les centres-villes où les loyers augmentent, concurrencés par l’e-commerce, ils sont souvent méprisés par la grande distribution. Alors qu’ils sont défenseurs de la diversité musicale, spécialistes ou généralistes, ils représentent une richesse irremplaçable. "

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Bref, même si le métier n’est pas simple, le rôle du disquaire va bien au-delà de celui de " simple " vendeur. Et c’est peut-être aussi pour cette raison que leur besoin se fait sentir de plus en plus fort. " Il y a une forme de fidélité et de rapport de confiance qui se crée avec un disquaire qui vous a conseillé le bon disque, celui que vous allez adorer mais que vous ne connaissiez pas. Ce rapport humain, que n’ont certainement pas les algorithmes sur Internet, est plus important que jamais ", remarquait récemment Francis Dordor, auteur du très bon Disquaires. Une Histoire (GM Editions).

Un lieu d’échanges…

Ce qui est confirmé de toutes parts. " Une majorité de clients viennent pour échanger. Pour parler du concert de la veille. Nous sommes aussi une prolongation du bar de la salle de concert. Ce contact entre passionné est essentiel, et c’est impossible en ligne. Après, Les jeunes entre 20 et 30 ans qui achètent des disques les ont d’abord écoutés en digital et, au bout d’un moment, ils les connaissent par cœur, ils se disent : " Je dois l’acheter, il est trop bien ", explique ce détaillant. Un autre va dans le même sens : " Quand on va dans nos boutiques, il y a des annonces de concerts, on parle des dernières sorties, on se fait surprendre par un disque que l’on n’a pas été chercher. Les algorithmes sont tellement prévisibles, ils ne te font découvrir que des choses que tu connais déjà. Nos magasins sont des plaques tournantes, des lieux d’échanges. Il y a des rencards à la boutique pour vendre une guitare. Je fais découvrir des choses à mes clients, mais l’inverse est également vrai. "

En résumé : si le modèle de la musique s’est réinventé, les magasins doivent faire de même ! Cela peut se faire de deux manières : en élargissant la gamme proposée en magasin, tout en restant dans le même " spectre ". C’est par exemple la voie choisie par HMV, qui propose aussi des objets de pop-culture ou des livres liés à la musique. Autre façon de faire : repenser le lieu pour en faire un point de rencontre entre passionnés, qui vont s’échanger avis et bons plans, et ne devraient donc pas repartir les mains vides. " Là, le disquaire un rôle fondamental à jouer, en conseillant ses clients lors de ces discussions ", conclut cet autre détaillant indépendant. " Car revenir chez soi avec un vinyle, c’est comme choisir une bonne bouteille. " Tout est dit…

 

Parce que ne pensons pas que " c’était forcément mieux avant ", mais que nous avons remarqué que " tout était dans tout " voire que " rien ne se crée, rien ne se perd, mais tout se transforme " ! Bref, le vintage et ses réinventions dans tous les domaines de la pop-culture ont la cote pour le moment.

Et nous allons vous le démontrer chaque semaine dans Re-Cycle avec Frederic Vandecasserie.

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