L’Ascension (Himmelfahrt en allemand) est un moment capital du chemin de foi chrétienne. Célébrée quarante jours après Pâques et la résurrection du Christ, elle marque les derniers instants de Jésus sur terre, ouvrant la voie à la Pentecôte, la venue du Saint-Esprit et le début de l’Eglise. L’Ascension est la promesse la plus ferme de la vie éternelle.
Cette confiance en Dieu, cette aspiration à la mort pour jouir d’un épanouissant repos dans le ciel, est naturellement un pilier de la foi et se retrouve au cœur de centaines de musiques écrites pour ce moment de fête chrétienne.
Au XVIIIe siècle, Jean-Sébastien Bach et Georg Philipp Telemann en composèrent de splendides, de nombreuses aussi (on a retrouvé plus de 30 Cantates de Telemann, rien que pour l’Ascension) et c’est un choix riche et splendide qu’a fait ici Lionel Meunier pour ce nouvel album. L’occasion de profiter au disque de cette collaboration entre Vox Luminis et l’Orchestre baroque de Fribourg, une association qui fait saliver les mélomanes tant les deux ensembles sont à la pointe et à l’excellence du travail sur les répertoires des XVIIe et XVIIIe siècle.
Bach et Telemann donc : les Cantates BWV 11 et BWV 128 de Jean-Sébastien, et la Cantate Ich fahre auf zu meinem Vater (" je monte vers mon Père ") de Georg Philipp. Trois Cantates au riche discours instrumental, nourris de deux cors très présents et d’un brio permanent de la part des musiciens de Fribourg. Les voix de Vox Luminis sont splendides, dans un discours clair et lumineux, comme le demandent ces partitions de réjouissance. Mais ce qui frappe, par-delà les qualités musiciennes et vocales, c’est l’extraordinaire aptitude de Lionel Meunier à construire une expression musicale effervescente dans un cadre parfaitement contrôlé. Pas d’espace pour l’excès. Le lâcher-prise reste spirituel, dans ce que l’on pourrait imaginer être une traduction magnifiquement équilibrée d’un idéal esthétique protestant. Un idéal esthétique qui est aussi la marque de ces deux génies musiciens, Bach et Telemann, qui œuvraient à la gloire de Dieu, dans une vision musicale qui était peut-être déjà un avant-goût d’au-delà.
Himmelfahrt – Bach/Telemann – Vox Luminis/Freiburger Barockorchester/Lionel Meunier – Alpha
