Musique

ONHA apporte sa pierre à l’édifice du rap belge en cassant les codes

© Blaise Burezi – William Denis

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Par Laurenne Makubikua

ONHA, c’est cet artiste bruxellois d’adoption qui vous embarque dans sa "Nu groove". Cet univers musical atypique, il le défend dans son tout premier projet "Opale". Grâce à sa musique innovante, il apporte avec lui un vent de fraîcheur dans le rap belge et s’ajoute à la liste des rappeurs créatifs à suivre de près.

Premier projet et première date en tête d’affiche à guichets fermés… Nous vous présentons ONHA. Quatre lettres, deux syllabes et vous voilà emporté par un flow aérien qui s’installe tranquillement sur des notes planantes et innovantes sortant des codes du rap. "Si je devais décrire ma musique, je dirais que je fais de manière générale du hip-hop, de la soul et du jazz. Avec mon équipe, on s’est amusés à appeler ce que nous faisons la "Nu groove". Il y a la Nu soul, il y a le Nu jazz et nous, on est la "Nu groove". On apporte notre petite pierre à l’édifice sur la manière de groover d’une autre façon."

Après avoir fait ses premières armes poétiques en écoutant les classiques du rap, ONHA dégaine sa plume et s’essaie lui-même à l’exercice. Il évolue d’abord dans une vision du rap très "old school", voire puriste, avant de s’imposer un revirement à 360° et d’assumer ses propres ambitions musicales. "Je pense qu’inconsciemment, je voulais prouver que je savais écrire et que je pouvais avoir une certaine qualité au niveau de mon écrit. Je suis passé vraiment du truc où je ne me sentais pas du tout légitime, où j’avais le syndrome de l’imposteur, à quelque chose qui me ressemble beaucoup plus."

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C’est à ce même moment qu’ONHA naît véritablement. Il est alors âgé de 18 ans et vient tout juste de quitter Liège pour vivre à Bruxelles. L’artiste qui avait besoin de renouveau dans sa vie répercute ce désir dans sa musique. "Je simplifie mes textes et j’aborde vraiment des thématiques. Même au niveau de la musicalité, il y a une volonté d’aller encore plus loin au niveau des textures. Je ne prouve pas aux autres et je fais juste ce que j’aime."

Si l’identité artistique était une pierre précieuse, le moins que l’on puisse dire, c’est qu’ONHA a passé son temps à la polir pour arriver à un résultat qui lui ressemble. Son premier opus "Opale" a pour objectif de célébrer cet aboutissement. "C’est un peu ça le maître mot du projet. L’opale qu’on a trouvée est jolie mais qui n’est pas encore polie totalement. Je suis aussi conscient que dans ce projet, il y a des imperfections. Je pense que je peux dire maintenant que je suis professionnel aussi à partir du moment où j’ai accepté que l’imperfection fait aussi partie du processus." En plus d’être le projet du non-compromis, cet EP est avant tout une sorte de carte d’identité de l’artiste. C’est une véritable invitation à faire connaissance avec lui et son univers.

Le choix de cette pierre précieuse s’explique aussi par l’une de ses caractéristiques spécifiques qui sied à merveille aux aspirations d’ONHA. Il nous explique : "L’opale quand tu la mets au contact de la lumière, il y a une multitude de couleurs. Du coup, la multitude de couleurs représente en fait chaque track du projet." Derrière cette palette de couleurs, nous retrouvons Dumb et Rocco, ses deux acolytes et partenaires de composition. Voilà plusieurs années qu’ils travaillent ensemble et parviennent à assembler des productions sur lesquelles le rappeur est libre de se lâcher, d’assumer l’originalité de son phrasé ainsi que les thèmes engagés et introspectifs qu’il aborde.

© William Denis

C’est un travail d’équipe constant qui s’est construit autour du projet d’ONHA. L’esthétique se veut soignée tant musicalement que visuellement. De la direction artistique visuelle globale, à la réalisation de clips, en passant par les jeux de lumière sur scène, rien n’est laissé au hasard. Pour accrocher nos iris, l’artiste compte sur "Ovision", l’agence créative dont il fait également partie. Ce concentré de talents regroupe un peu moins d’une dizaine de personnes qui s’activent constamment de manière totalement indépendante.

Et tout cela semble porter ses fruits. Comme il le dit lui-même : "Un petit Liégeois vient de faire "sold out" au Botanique". Bien qu’il se réjouisse de ce succès, l’artiste ne s’en enorgueillit pas pour autant. En véritable amoureux de la scène, ce qu’il cherche avant tout, c’est de créer une atmosphère propice à une véritable communion avec le public. Les Liégeois pourront d’ailleurs en témoigner le mercredi 8 mai, lors de la prochaine édition de l’Urban Ardent au KulturA.

L’absence de carcan, le goût pour l’expérimentation et cette recherche de nouveaux horizons artistiques sont là des prises de risque qui semblent payer. Grâce à sa proposition musicale fouillée et élaborée, "préparez-vous à entendre ONHA partout".

Découvrez son projet "Opale" sur toutes les plateformes musicales et dans ce numéro de Jam Block Party.

Jam Block Party

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