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7 questions au pianiste Antoine Flipo avant la présentation de son projet solo aux Nuits Botanique

© Daniel Colard

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InfoPar Renaud Verstraete

Lorsqu’il ne travaille pas au prochain album de Glass Museum, Antoine Flipo profite du printemps pour se dévoiler en solo avec un premier EP. Baptisé "Chapel", ce premier effort solo voit le pianiste se balader entre néoclassique et électro minimale. 3 titres délicats et captivants, en guise d’avant-goût d’un album à venir, qui raviront les fans de Nils Frahm, Hania Rani et Four Tet. Jam a rencontré l’artiste dans son studio, quelques jours avant son concert de release aux Nuits Botanique le 28 avril prochain.

Hello Antoine, on te connaît comme pianiste du projet Glass Museum. Tu présentes aujourd’hui ton premier EP sous ton nom. Qu’est-ce qui t’a donné envie de te lancer dans cette aventure en solo ?

Antoine : C’est un projet que j’ai commencé il y a deux ans avec le Botanique qui m’avait à l’époque proposé de faire une création pour les Nuits. L’idée première, c’était de présenter une recherche sonore autour du piano dans un espace assez performatif. J’avais travaillé pendant des mois et des mois à chercher toutes les sonorités de piano qu’il était possible de faire sortir de cet instrument et à les présenter dans un show basé sur le looping. Et puis mine de rien, je me suis rendu compte que toutes ces loops que je devais jouer en live, ça prenait une énorme partie de mon cerveau qui n’était du coup pas allouée à l’émotionnel. Aujourd’hui, je présente un premier EP avec une approche plus minimaliste en vue d’un album à venir. Cette fois, j’avais vraiment envie de pouvoir me plonger à 100% complètement dans les compositions et de pouvoir les vivre à travers le live.

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Les 3 titres que tu dévoiles dans cet EP sont assez éclectiques. Comment décrirais-tu ton univers ?

Antoine : C’est de la musique instrumentale, c’est de la musique électronique, de la musique classique… Il y a beaucoup d’influences qui viennent ponctuer le live, des influences qui viennent de la musique orientale mais aussi de la musique berlinoise que j’écoute beaucoup. J’ai trop hâte de présenter ça parce que ça fait un an que je bosse dessus. Je suis tout seul depuis trop longtemps (rires). Il faut que ça sorte de ma tête, il faut que ça sorte des baffles, il faut que les gens dansent. J’ai hâte.

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Ce n’est pas chose aisée de se dévoiler seul sur scène. Que fait-on différemment quand il s’agit d’un projet solo ?

Antoine : A la base, je n’avais pas forcément vraiment envie de me retrouver seul sur scène (rires). D’ailleurs, j’avais toujours pensé à faire intervenir d’autres musiciens. Au final, ça ne s’est pas fait. Par contre, être seul m’a vraiment permis d’aller jusqu’au bout de mes idées, de pouvoir me perdre, au niveau du temps, au niveau des horaires de travail aussi (rires). Je me suis autorisé à me perdre dans la recherche sonore, là où quand on est en groupe, parce qu’on a simplement tous des avis différents, on prend peut-être moins le temps de se tromper.

Antoine Flipo dans son studio.
Antoine Flipo dans son studio. © Daniel Colard

A l’écoute de ce premier EP, on a l’impression d’être à tes côtés dans la pièce. C’était important pour toi d’avoir cette proximité et cette authenticité avec l’auditeur ?

Antoine : Oui, mon idée, c’était vraiment de mettre le côté humain à l’avant-plan. Et quand je parle du côté humain, je parle des imprécisions, des respirations, des artefacts, des pédales qui s’ouvrent et qui font du bruit. Avant de toucher une note de piano, il y a déjà du bruit. On entend déjà les mécaniques du piano. Et je pense que c’est ce moment-là qui est le plus intéressant en fait, où il se passe quelque chose d’incroyable. Je ne suis pas le seul à le faire, il y en a beaucoup qui incorpore ça dans leurs enregistrements, Hania Rani notamment. Quand on écoute certaines compositions, il y a un petit côté sale et imparfait que je trouve très beau. La musique parfaite, c’est la musique qui vit un peu moins aussi, celle où on ne sent pas le musicien derrière. Dans cet EP, il y a souvent un deuxième discours qui est porté par ces imprécisions.

Tu utilises un "piano préparé" à la manière de John Cage, ça consiste en quoi exactement ?

Antoine : Le piano préparé, c’est une manière de faire sonner l’instrument de façon non conventionnelle. Le préparer, c’est en fait ajouter de la texture, de la matière au-dessus pour le faire sonner différemment. Par exemple, moi j’utilise de la patafix. En l’appliquant sur les cordes du piano, on peut obtenir un son beaucoup plus percussif et moins cristallin. Ça donne un côté un peu plus "jouet". Moi ça me fascine ! En fait, la préparation du piano le fait sonner différemment, ce qui me permet d’entrevoir mon piano comme un instrument à presets, avec plusieurs sons. C’est chouette de se dire qu’un même instrument va pouvoir sonner différemment au cours du live. Puis c’est assez rigolo d’installer de la patafix sur le clavier devant les gens juste avant de commencer le morceau.

La patafix, ici utilisée pour étouffer les cordes du piano.
La patafix, ici utilisée pour étouffer les cordes du piano. © Daniel Colard

Tu utilises aussi un décapsuleur pour frapper les cordes du piano à la manière d’un dulcimer. D’où t’est venue cette technique ?

Antoine : Le truc du décapsuleur, parlons-en (rires). Je l’utilise plus pour des sons à la Four Tet. C’est le décapsuleur de la coloc que j’ai piqué. (rires). Je trouvais qu’il avait un poids extraordinaire pour pouvoir le faire trembler en frappant les cordes du piano. Tous les décapsuleurs ne permettent pas ça, sachez-le (rires).

Le décapsuleur, une autre manière de détourner le son du piano traditionnel.
Le décapsuleur, une autre manière de détourner le son du piano traditionnel. © Daniel Colard

Tu présenteras ton EP le 28 avril prochain au Botanique dans le cadre des Nuits Botanique. Comment te sens-tu à quelques jours de ce concert ?

Antoine : En fait, je vais trop me marrer sur scène et je le sens déjà. Je ne suis pas trop stressé étonnamment. Je suis quelqu’un de très stressé d’habitude, mais là je sens que ça se déroule bien. J’ai trop hâte de présenter ça parce que, déjà pour moi, c’est hyper ludique. J’y prends beaucoup de plaisir et j’ai hâte de voir si les autres vont en prendre autant que moi. Et puis je joue dans la salle de musée dans laquelle j’avais déjà joué pour les Night Fever. C’est une nuit pendant laquelle j’avais tourné deux vidéos dont je suis encore aujourd’hui hyper fier et content. Et c’est là que je rejoue pour présenter mon nouvel album. Donc je ne sais pas, il y a un truc qui va se passer !

A voir également : la Jam Session de Glass Museum

Jam Sessions

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