Quelle que soit l’issue judiciaire apportée à la plainte de Manos Limpias contre Begoña Gomez, le séisme politique a bien eu lieu en Espagne. Le pays est désormais suspendu à la décision de Pedro Sanchez. Il la fera connaître lundi.
D’ici là, toutes les hypothèses circulent : "Il y en a qui disent que c’est vraiment un homme un peu au bout de ce qu’on peut supporter comme attaque. D’autres avancent que c’est plutôt une stratégie politique pour essayer de mettre fin à ce genre de campagne et pour changer un peu la thématique, c’est-à-dire que maintenant ce dont on parle, c’est avant tout s’il restera Premier ministre", analyse la spécialiste du discours politique de l’UCLouvain Barbara De Cock. Une manière en quelque sorte de détourner les projecteurs de son épouse et de les braquer sur lui.
Quoi qu’il en soit, les partis politiques dans l’opposition n’ont pas manqué de réclamer la lumière sur les accusations portées contre Begoña Gomez et, depuis un peu plus de 24 heures, de demander des comptes à Pedro Sanchez sur sa possible démission. Les critiques ont fusé sur les réseaux sociaux, qu’elles émanent de la formation d’extrême droite Vox ou des conservateurs du Parti Populaire.
Le PP n’a toujours pas digéré de ne pas avoir su traduire sa victoire dans les urnes en formant un exécutif alors que Pedro Sanchez a mis sur pied un gouvernement de coalition avec le mouvement Sumar. La virulence des déclarations doit être lue à la lumière du contexte politique espagnol alors que le PSOE est "en relative bonne forme" selon le professeur en sciences politiques de l’Université de Namur Arthur Borriello. Les dernières élections régionales en Galice ou au Pays basque lui ont été favorables par exemple.
"Ce n’est pas un parti socialiste en mauvaise santé et en mauvaise posture qui est attaqué. Et ça explique aussi peut-être la virulence des attaques de l’autre côté où tous les moyens sont bons pour essayer de discréditer un gouvernement qui sans cela paraît solide et capable d’aller au bout de sa législature. Il y a probablement quelque chose de ça, parce que c’est vrai que le leadership de Pedro Sanchez a complètement changé la donne au PSOE", poursuit le politologue.
Et d’ajouter que "Sanchez a traversé plusieurs crises avec brio, s’en sortant à chaque fois, y compris dans les crises liées aux revendications indépendantistes catalanes. Il y a sans doute là quelque chose – en tout cas du point de vue de l’extrême droite – qu’il faut couper la tête de l’Hydre. C’est certainement, oui, une lecture possible".
Pedro Sanchez a surpris tout le monde, jusqu’à son propre parti, le PSOE. Le chef du gouvernement espagnol va-t-il démissionner ? Le "come-back kid" lèvera le doute lundi.