25 ans après la "Trahison de Renaix", le peloton cycliste refaisait une escale dans les Ardennes Flamandes. Et comme en 1963, Renaix va être le théâtre d’une course dantesque… qui coûtera malheureusement très cher à un Belge, Claudy Criquielion.
Et pourtant, tous les ingrédients semblaient réunis pour que Criquielion remporte cette course. Il avait déjà goûté aux joies d’une médaille d’or (en 1984), évoluait à domicile et était le grandissime favori. Une pancarte, grossièrement flanquée dans le dos du Belge, qui n’a visiblement pas plu à Steve Bauer, un bouillonnant coureur canadien.
Alors qu’il avait refait son retard sur le tandem Criquielion-Fondriest juste avant la flamme rouge, Bauer a dangereusement dévié de sa ligne pour tasser l’infortuné Criquielion dans les balustrades. Un geste, aussi honteux qu’anti-sportif, qui coûtera évidemment la victoire au Belge, obligé de laisser filer ses deux adversaires après une lourde chute.
Et si Steve Bauer sera logiquement déclassé et que l’opportuniste Maurizio Fondriest raflera finalement la mise, le mal était fait. Alors qu’il avait un boulevard devant lui pour la victoire, Criquielion ratera le doublé. La faute à cet acte scandaleux que Criquielion contestera, sans succès. Bauer sera finalement acquitté… au bénéfice du doute. Rodrigo Beenkens lui, déplore le manque de réaction du public présent ce jour-là : "Le public belge est trop gentil. Si à la place de Criquielion, c’est Argentin ou Moser et que ça se passe en Italie, il n’y a jamais de cérémonie protocolaire, c’est le K.O total. Je n’oublierai jamais cette image de Criquielion qui franchit la ligne avec son vélo à la main, comme un boxeur groggy. J’avais l’impression que le public était anesthésié, et même avec le recul, je ne comprends pas.
Le public est passionné dans cette région-là, je regrette qu’on n’ait pas fait la révolution. C’est terrible d’être battu comme ça. Je reste persuadé que Bauer l’a fait exprès. Pour moi c’est plus grave que Groenewegen. Ici, c’est vraiment avec la volonté de le mettre dans les balustrades. Il sait qu’il est battu…"