Belgique

"C’est le coronavirus qui nous divise, pas la vaccination", estime Philippe Devos

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Par Hugues Angot

"Une épidémie de non-vaccinés". Les propos du Premier ministre lors du dernier comité de concertation ne sont pas passés inaperçus. Et derrière ces déclarations, il pointe une situation vaccinale problématique dans la capitale mais aussi une flambée des contaminations en province de Liège. Pour faire le point sur cette situation sanitaire, QR l’actu recevait Philippe Devos, chef des soins intensifs au CHC Mont légia et le professeur Catherine Linard, géographe de la santé à l’UNamur.

Sur la question des déclarations tenues par Alexander De Croo, Catherine Linard estime qu’il faut distinguer le fond de la forme : "Sur le fond, il est vrai de dire que ce sont majoritairement les non-vaccinés qui font circuler le virus et ce sont majoritairement eux qui se retrouvent en soins intensifs. Par contre, sur la forme, le message est brutal et pourrait être contreproductif. Cela pourrait avoir l’effet contraire à celui recherché en braquant les non-vaccinés".

Pour le chef des soins intensifs du Montlégia, le virus nous plonge depuis plus d’un an et demi dans une situation très difficile qui nous oblige à prendre des décisions très difficiles avec peu d’expérience sur une gestion de crise et de pandémie de cette ampleur-là : "C’est le virus qui nous divise, pas la vaccination. Nous soignerons tout le monde, vaccinés comme non-vaccinés. Nous ne sommes pas là pour juger, nous sommes là pour soigner. Depuis le début de cette crise, on veut tout faire pour éviter la saturation des services médicaux parce que nous ne voulons devoir choisir qui on soigne. On veut soigner tout le monde. La vaccination est un outil qui devrait nous permettre d’y arriver et de retourner à une vie normale. Aujourd’hui, à cause d’une différence de couverture vaccinale, on voit la Flandre qui reprend une vie normale et nous qui sommes au balcon et qui attendons. Et ça c’est particulièrement frustrant".

Chasse aux non-vaccinés ?

Il y a bien entendu ceux qui refusent le vaccin pour des raisons médicales et puis d’autres qui ont aussi des anticorps. Ces derniers s’estiment souvent protégés et pourtant, ils n’ont pas droit au pass loisir. P

hilippe Devos précise que l’immunité naturelle acquise par infection virale est d’ordinaire plus importante que la vaccination mais attention uniquement contre le variant alpha mais ici ce n’est plus le variant alpha qui est en Belgique. C’est le variant delta à 100%. "Les études récentes démontrent que l’infection, il y a un an par le variant alpha ne protège qu’à 50% contre le risque de faire des formes graves tandis que la vaccination protège à 90%. Personnellement, j’ai été infecté par le variant alpha mais j’ai quand même pris soin de me faire vacciner".

Pass sanitaire, un faux sentiment de sécurité ?

Avec cette crise sanitaire, nous sommes dans une gestion du risque rappelle Philippe Devos : "Le but n’est pas d’atteindre le risque zéro. Et donc il serait faux de dire, grâce au covid safe ticket, je ne risque rien. Le but de ce pass, c’est de réduire le risque comme le masque peut aussi réduire ce risque. Il serait illogique à mon sens de dire, comme ce pass n’est pas une garantie à 100% alors autant ne pas l’utiliser. On l’impose à des moments où on estime que le risque est le plus élevé. C’est d’ailleurs pour cela qu’en province de Liège et à Bruxelles, on impose d’autres restrictions parce que la vaccination n’est pas suffisante alors qu’au nord du pays, ils en sont libérés".


►►► Le Covid Safe Ticket, dernier rempart avant le "lockdown dû aux non-vaccinés" ?


Catherine Linard se dit partagée sur le procédé parce qu’il est extrêmement difficile de quantifier son efficacité. "J’estime que ce covid safe ticket est en tout cas utile pour pouvoir mener certaines activités qui ne seraient pas possibles sans. Je pense par exemple au monde de la nuit".

Règles différentes selon les Régions

Les règles peuvent être différentes selon les zones géographiques. Est-ce que cela à vraiment du sens sur un si petit territoire que le nôtre ? Pour Catherine Linard, des mesures ciblées là où l’épidémie est plus forte peuvent se révéler utiles. "Des mesures plus ciblées peuvent avoir leur utilité parce qu’elles sont proportionnées à la situation sanitaire d’une région et sont aussi mieux acceptées par la population. A contrario, trop de règles différentes peuvent amener de la confusion. Il faut donc trouver un juste équilibre".

 

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