Le personnage de Rahim, joué par Amir Jadidi, est simple ou complexe à l’image de tout être humain ! Il sourit constamment suscitant la sympathie, jusqu’à un certain point. Bahram, le créancier, joué par Mohsen Tanabandeh, a un visage fermé. L’un est un héros. L’autre est un salaud. Le spectateur s’identifie tout d’abord à Rahim et considère le créancier comme un être antipathique, le mauvais sujet de l’histoire.
Quand Bahram explique les raisons pour lesquelles il ne veut pas effacer la dette, le spectateur le perçoit comme une autre victime. Il a aidé Rahim. Il a sorti sa famille de la misère. Il a attendu en vain le remboursement. Il a dû vendre les bijoux de sa femme…
Asghar Farhadi révèle dans la psychologie des personnages la complexité de la vie afin de projeter le spectateur dans un réel plausible, même si l’histoire est une fable contemporaine dont la morale serait : Vous mordez la main qui vous nourrit.
Les scènes sont jouées avec un tel naturel que la fiction n’est pas éloignée du documentaire comme si la véracité de la fable rejoignait la vérité du témoignage.
Un héros est un film sur l’honneur ou le déshonneur et sur la réputation de tous les protagonistes : la prison, l’association caritative, la télévision et les personnes qui tentent de s’arranger avec la vérité, sans vraiment mentir.
Le regard des enfants est à l’œuvre dans les films d’Asghar Farhadi. Rahim a un fils bègue. Il est un témoin fragile et impuissant qui a des difficultés à exprimer ses émotions par les mots.
Un héros d’Asghar Farhadi sort dans les salles le mercredi 22 décembre.
Asghar Farhadi est au micro de Pascal Goffaux.