Justice

La violence intrafamiliale est encore trop souvent minimisée par les forces de l’ordre, selon le Comité P

Une femme sur sept a été confrontée à au moins un acte de violence commis par son (ex-) partenaire au cours des 12 derniers mois

© Getty Images

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Par Alain Lechien

Le Comité P est chargé du contrôle permanent des services de police, il réalise de manière indépendante des enquêtes qu’il envoie à la Chambre des représentants. Il vient de publier un rapport sur la façon dont les policiers traitent les violences intrafamiliales. En Belgique, selon l’Institut pour l’Egalité des Femmes et des Hommes, une femme sur sept a été confrontée à au moins un acte de violence commis par son (ex-) partenaire au cours des 12 derniers mois. Il s’agit de violence verbale dans 41,5% des cas ; 15% des victimes ont subi des coups.

Le Comité P constate notamment que les policiers de base sont mal formés à la prise en charge de ces situations, il recommande de mieux les conscientiser, à la fois du point de vue de la connaissance mais aussi des attitudes à adopter face à une victime (ou à un auteur) de violences. Trop souvent, des policiers banalisent des situations. Chaque chef de corps devrait désigner un policier de référence chargé de la violence dans le couple, afin de pouvoir agir rapidement et adéquatement. Malheureusement, toutes les zones de police n’en ont pas désigné.

Le Comité P pointe aussi un problème lors de l’accueil des victimes : elles sont parfois renvoyées chez elles tout simplement parce qu’elles se présentaient sans attestation médicale, ou pour un problème de langue. Lorsqu’une personne se présente pour dénoncer des violences commises par un partenaire, il arrive qu'aucun procès-verbal ne soit rédigé, par exemple lorsque le couple s’est séparé et que le policier croit, à tort, que la rupture marque la fin du processus de violence.


►►► À lire aussi : Violences conjugales : "Il y a des commissariats où cela se passe bien, mais parfois on est mal reçu"


Le Comité P estime que les agents de quartier peuvent jouer un rôle majeur : ils sont proches des victimes, sont à même de s’informer sur la situation et d’interroger les voisins qui peuvent leur signaler des faits.

Trop souvent, l’infrastructure n’est pas adéquate pour l’accueil des victimes : il n’y a pas de local où elles peuvent parler de manière confidentielle.

En cas de déménagement, les informations relatives à des situations de violences intrafamiliales ne passent pas d’une zone de police à une autre, cela est problématique en termes de suivi. Pourtant le transfert de ces informations pourrait permettre d’éviter des drames humains.

Les femmes victimes de violences peuvent s’adresser aux pharmaciens pour demander une assistance, au besoin en utilisant le mot-code "masque 19".

Il y a aussi une ligne d’écoute téléphonique gratuite : 0800/30.030.

L’Institut pour l’Egalité des Femmes et des Hommes a publié la brochure "Violence. Comment s’en sortir ?".

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