36, quai des orfèvres

Crime : Landru, le seigneur de Gambais (épisode 2)

Un crime, une histoire : 36, Quai des Orfèvres

Pour voir ce contenu, connectez-vous gratuitement

Temps de lecture
Par Christian Rousseau

Au cœur de Paris, sur l’île de la Cité, se trouve l’une des plus célèbres adresses de l’histoire de la police. Elle a vu défiler les plus grands criminels, elle a vu travailler les plus grands enquêteurs : le "36, Quai des Orfèvres". À Paris et au-delà, dans la France entière, Jean-Louis Lahaye vous fait revivre les plus grandes affaires criminelles des 19e et 20e siècles, dans leur époque.

Loading...

Episode 2 : Landru, le Seigneur de Gambais (1918)

Cette histoire commence au lendemain de la guerre 14-18. Voici presque un mois maintenant que l’armistice a été signé. Que la Première Guerre mondiale a pris fin. La France panse ses plaies. Le village de Gambais a échappé aux bombardements allemands… mais n’a pas échappé aux morts. Combien ils sont, les enfants du village, à être tombés pour la France ? Beaucoup. Trop nombreux. C’est presque toute la jeunesse du village qui a été fauchée à la guerre.

Mais il n’y a pas que la jeunesse sacrifiée qui préoccupe Gambais. Une rumeur a commencé à circuler dans le village. Des lettres sont arrivées à la mairie, pour porter à la connaissance du maire d’étranges disparitions…

Célestine Buisson : disparue.

Anne Collomb : disparue.

Et Marie-Thérèse Marchadier : disparue !

Le point commun entre tous ces signalements ?

Les femmes dont on n’a plus de nouvelles ne sont pas du village, elles ont un certain âge - plus ou moins la quarantaine – et viennent de se fiancer. Et elles semblent toutes avoir séjourné dans une villa, située non loin du village… Pourtant, les volets de la demeure sont clos. On dirait qu’elle est inhabitée.

Mais faut-il s’en préoccuper ? Et si c’était tout bonnement une histoire galante ? Des histoires galantes ?

Mais voilà… ces disparitions, on finit par en parler jusqu’à Paris, jusque dans les bureaux de la Première Brigade mobile. Ceux qu’on appelle les “mobilards” sont chargés de l’enquête. Jérôme de Brouwer, historien du droit et de la justice à l’ULB, nous parle de cet organe légendaire :

Les Brigades régionales de police mobile sont créées en 1907, dans un contexte d’insécurité qui pousse le ministre de l’Intérieur de l’époque, Georges Clémenceau, à créer une police judiciaire unifiée sur le territoire et à moderniser ses moyens, notamment en équipant chaque brigade d’un véhicule automobile.

On les appelle aujourd’hui les "Brigades du Tigre", en référence au surnom de Clémenceau : “Le Tigre”. Réparties sur le territoire, elles sont d’abord au nombre de douze. Leur nombre augmente après la guerre, pour passer à près d’une vingtaine à la veille de la Seconde guerre. Le "maillage" policier, avec une police dotée de moyens efficaces, devient de plus en plus important.

Landru Gives Evidence
Landru Gives Evidence © Bettmann – Getty Images

Les Brigades mobiles, ou les “Brigades du Tigre”, ont vu évoluer des policiers de grande envergure. La série télévisée bien connue, diffusée pour la première fois à partir des années 1970, met en scène le fameux commissaire Valentin. Dans la “véritable” histoire des Brigades mobiles, on peut mettre en avant le commissaire Jules Belin. Comme souvent, l’histoire retient davantage le nom des criminels que celui des policiers qui les arrêtent. Pourtant Jules Belin n’est pas n’importe qui, comme nous le confie Jérôme de Brouwer :

Jules Belin se fait remarquer assez rapidement, en participant au siège du repaire de la “Bande à Bonnot”, en 1912 et par l’arrestation de l’un de ses membres, Léon Lacombe.

Et dans d’autres affaires, comme l’affaire du conseiller Prince, conseiller à la cour d’appel de Paris, en 1934, en relation avec la fameuse affaire Stavisky. Mais c’est à l’arrestation de Landru qu’il doit sa notoriété.

Sans l’intuition de Belin, sans sa ténacité, le “Sire de Gambais” aurait pu ne jamais être démasqué. Jérôme De Brouwer nous parle de l’implication cruciale de l’inspecteur dans ce dossier historique :

Belin est alors inspecteur. Le dossier qui lui est confié, au mois de janvier 1919 est plutôt mince. Il y a deux femmes disparues dont les familles s’inquiètent. Ce n’est pas un dossier qui paraît prioritaire, mais Belin s’attarde et prend le dossier au sérieux.

C’est sa persévérance, ainsi que l’intervention de l’une des proches des victimes qui, par chance, aperçoit Landru rue de Rivoli (en plein Paris) qui va permettre son arrestation. Les mérites de Belin sont reconnus : il est nommé commissaire quelques mois plus tard.

Avec l’acharnement du professionnel convaincu que son intuition ne le trompe pas, Jules Belin va se lancer sur la piste du “petit homme chauve”. Et ne pas le lâcher. Il ira même jusqu’à dormir devant sa porte pour ne pas le laisser s’échapper. Grâce à sa pugnacité, et grâce à un petit coup de pouce du destin, il va parvenir à mettre au jour une escroquerie d’envergure. Et plus qu’une escroquerie. Et plus que des disparitions. Ce qu’on découvre dans la villa de Gambais… dépasse ce que l’on peut imaginer comme horreur.


Un crime, une histoire : 36, Quai des Orfèvres, c’est 10 épisodes en diffusion hebdomadaire, le dimanche de 18h00 à 19h00 dès le 4 juillet et en diffusion quotidienne du 16 au 27 août de 12h00 à 13h00.

Inscrivez-vous aux newsletters de la RTBF

Info, sport, émissions, cinéma... Découvrez l'offre complète des newsletters de nos thématiques et restez informés de nos contenus

Sur le même sujet

Crime : on a volé la Joconde (épisode 7)

36, quai des orfèvres

Temps de lecture

Articles recommandés pour vous