Belgique

218 cas de menaces terroristes ou extrémistes ont été signalés en une année en Belgique selon l'OCAM

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Par Sébastien Georis, avec Cristian Abarca

Quelle menace représente actuellement le terrorisme et l’extrémisme en Belgique ? Le rapport d’activités de l’Organe de coordination pour l’analyse de la menace (OCAM), publié aujourd’hui jeudi sur son site internet, permet pour la première fois d’apporter une réponse chiffrée à cette question. Au cours de l’année 2021, l’OCAM a reçu "218 signalements de menace pour lesquels il existe des éléments concrets en lien d’une part avec les phénomènes du terrorisme et de l’extrémisme et d’autre part avec la Belgique". Le chiffre est stable par rapport à l’année précédente. D’autres types de menaces, comme celles émanant d’organisations criminelles actives dans le narcotrafic, ne sont pas répertoriés dans le rapport annuel de l’OCAM.

 

Des menaces souvent liées à la radicalisation islamiste ou à l’extrémisme de droite

La majorité des menaces signalées à l’OCAM par les services de police ou de renseignement sont liées à l’idéologie djihadiste. Depuis la perte de ses principaux territoires en Syrie et en Irak, le groupe terroriste "État Islamique" n’a plus la même capacité d’action mais "l’idéologie djihadiste est encore présente et le mouvement terroriste continue à tirer profit de l’actualité géopolitique", note l’Organe de coordination pour l’analyse de la menace. L’OCAM rappelle que "l’EI et AQ (Al-Qaïda) tentent toujours de mobiliser et de convaincre des individus de semer un climat de terreur dans leur pays".

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D’autre part, l’extrémisme de droite "monte en puissance" avec une "hausse des activités" et une "plus grande volonté d’agir", selon l’OCAM. Les analystes relèvent des caractéristiques communes aux extrémistes de droite potentiellement violents : "ils opèrent généralement seuls, se situent en marge d’organisations ou de partis, se radicalisent le plus souvent en ligne et passent à l’acte sans instruction de quiconque. D’autres facteurs, tels que des griefs personnels ou des problèmes psychiques auxquels les auteurs sont en proie, jouent souvent également un rôle".

On note également que plusieurs menaces identifiées en 2021 sont liées à un contexte d’opposition politique à l’étranger. Par exemple : un opposant résidant sur le territoire belge et faisant l’objet de menaces de la part du régime en place dans son pays d’origine.

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De manière "récurrente", les signalements font état d’utilisation possible d’engins explosifs, d’armes à feu ou de véhicules béliers.

 

Des auteurs de menaces isolés et jeunes

Les menaces évaluées par l’OCAM en 2021 émanent principalement d’auteurs isolés, ayant des convergences idéologiques avec des groupes terroristes ou extrémistes mais sans lien structurel avec eux. Dans la plupart des cas, les menaces sont émises via les réseaux sociaux et les applications de messagerie.

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Les auteurs des menaces envisagent leurs cibles en fonction de leur idéologie. L’OCAM note qu’une faible proportion des menaces concerne des cibles situées à l’étranger, dont une "poignée de signalements" concernant des intérêts diplomatiques belges.

Dans son rapport annuel, l’OCAM alerte sur le nombre de plus en plus élevé de mineurs impliqués dans les dossiers. "En 2021, des adolescents étaient spécifiquement au centre d’un certain nombre de dossiers de menaces, une tendance que nous avions déjà commencé à observer dans le courant de l’année 2020. Presque tous les cas concernaient des garçons âgés de 16 à 18 ans". Trait commun à ces dossiers : "une partie du processus de radicalisation a déjà eu lieu en ligne".

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Les menaces signalées ne présentent pas toutes le même niveau de gravité. Dans plus de la moitié des cas, l’OCAM a considéré après analyse que la menace était "faible". Une menace a été jugée "très grave et imminente" : Jürgen Conings, militaire aux idées extrémistes de droite, disparu avec des armes lourdes après avoir formulé des menaces à l’encontre d’un virologue notamment.

Jürgen Conings, l’exemple parfait du type de menaces

Selon Gert Vercauteren, directeur ad interim de l’OCAM, cet épisode était "l’exemple parfait du type de menaces observées ces dernières années : un acteur isolé, certes inspiré par un cadre idéologique extrémiste, mais tout autant animé par son opposition aux mesures sanitaires et ses frustrations professionnelles et personnelles".

Lorsqu’une menace est signalée et que les éléments transmis sont suffisamment étayés et crédibles, c’est à l’Organe de coordination pour l’analyse de la menace d’évaluer le niveau de gravité de la situation. En fonction de cette évaluation, le Centre de Crise recommande alors les mesures à prendre, par exemple des mesures de protection supplémentaires pour un évènement ou une personne.

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