Les critiques d'Hugues Dayez

Les critiques d’Hugues Dayez : "Tár", éblouissante composition de Cate Blanchett

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Par Hugues Dayez
Cate Blanchett, dans "Tár"
Cate Blanchett, dans "Tár" © DR

Déjà lauréate de deux Oscars, l’actrice australienne a toutes les chances d’en remporter un troisième pour le travail hallucinant qu’elle accomplit dans "Tár", drame signé par le (trop) rare Todd Field.

"Tár"

L'affiche de "Tár"

Dans le monde de la musique classique, Lydia Tár est une star. Rare cheffe d’orchestre dans un monde d’homme, elle s’apprête à diriger la 5e symphonie de Mahler avec le prestigieux orchestre philharmonique de Berlin. Professeur à la Julliard School à New York, invitée dans le monde entier, Lydia est entièrement dévouée à son art… A un point tel qu’elle ne se rend pas compte que son comportement parfois cassant peut avoir des conséquences désastreuses. Sa compagne Sharon (l’actrice allemande Nina Hoss), sa fidèle assistante Francesca (Noémie Merlant dans son premier rôle en anglais) essayent de lui envoyer des signaux d’alerte, mais rien n’y fait : Lydia s’enferre dans ses certitudes… Au risque de se brûler les ailes.

Ce que réussit Cate Blanchett dans ce drame psychologique défie l’entendement. Répondant aux exigences de Todd Field, les séances de répétitions musicales ne sont pas feintes, l’actrice a réellement appris à diriger des fragments de symphonie, et s’est remise à jouer au piano. Le résultat est saisissant de réalisme et de profondeur. Mais surtout, elle parvient à exprimer avec une sobriété parfaite toutes les contradictions de son personnage : Lydia est à la fois brillante et arrogante, belle et fragile, sensible et distante… Et ce que le cinéaste Todd Field (auteur des magnifiques "In the bedroom" et "Little Children") parvient à questionner à partir de ce personnage, c’est le pouvoir né de la célébrité, et le danger d’un mauvais usage de ce pouvoir. Film exigeant, totalement atypique, "Tár" est un grand film, porté par une grande actrice.

Tár

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Divertimento

Divertimento

Elevée dans l’amour de la musique par un père mélomane, Zahia, 17 ans, jeune femme de banlieue, intègre une école de musique très huppée à Paris. Elle manifeste tout de go son désir de devenir cheffe d’orchestre, suscitant les moqueries et les brimades de ses condisciples très snobs… Heureusement, elle va pouvoir compter sur l’appui d’un chef d’orchestre - professeur (Niels Arestrup, excellent comme de coutume) pour la soutenir dans son rêve…

"Divertimento" s’inspire d’une histoire vraie, celle de Zahia Ziouani, qui a forgé le projet fou de monter un nouvel orchestre en banlieue parisienne avec des jeunes musiciens. Le film de Marie-Castille Mention-Schaar (ancienne productrice passée hélas à la réalisation) a beau être authentique, il paraît moins "vrai" que "Tár", portrait pourtant fictif. La faute à une narration lisse, conventionnelle, où les rares accidents de parcours sont prévisibles et où les bonnes intentions étouffent l’ensemble.

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Neneh superstar

Neneh superstar

"Neneh superstar " raconte à peu près la même chose que " Divertimento ", soit une adolescente des cités qui intègre une école a priori trop prestigieuse pour elle.

Neneh, jeune Noire délurée, arrive à rentrer dans l’école de ballet de l’Opéra de Paris. Ni la directrice de l’école (Maïwenn) ni ses jeunes élèves n’acceptent sa présence, "contraire à la tradition". Ce récit d’un racisme artistique est truffé d’invraisemblances, et – comme le laisse entendre le titre – est cousu de fil blanc. On retiendra juste la présence de la jeune Oumy Bruni Garrel, fille adoptive de Valéria Bruni-Tedeschi et de Louis Garrel.

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Nostalgia

Nostalgia, avec Pierfranco Favino

Ayant embrassé un métier commercial l’appelant à bourlinguer, Felice a perdu le contact avec ses racines. Après quarante ans d’absence, il revient dans sa ville natale, Naples. Il y revoit sa vieille mère – ce qui génère les séquences les plus émouvantes de "Nostalgia" – et essaye de retrouver la trace de son copain d’adolescence, ce qui n’ira pas sans réveiller quelques dangereux fantômes du passé…

Ce pèlerinage émotionnel, signé Mario Martone (cinéaste populaire en Italie mais mal connu chez nous), n’est pas totalement original mais il a le mérite de filmer les contrastes d’une ville et offre un rôle plein d’intériorité pour Pierfrancesco Favino, sans doute un des meilleurs acteurs italiens de ces quinze dernières années.

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