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Trafic de drogue à Anvers : que pense la population anversoise de la politique de Bart De Wever ?

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Par Joyce Azar

Que ressentent les Anversois face aux violences quasi quotidiennes qui frappent leur ville dans le cadre du trafic de drogue ? Quelles sont leurs craintes et leurs attentes ? La Gazet van Antwerpen s'est penchée sur la question à travers une enquête dont les résultats ont été récemment dévoilés. 

Cette enquête a été menée auprès d’environ 1.000 Anversois, cinq jours après la mort de Firdaous, cette petite fille de 11 ans tuée par balle lors de l’attaque d’une habitation à Merksem. Face au déluge de réactions politiques qui ont suivi, et aux multiples mesures proposées pour lutter contre les violences liées au milieu de la drogue, la rédaction du quotidien anversois a voulu savoir comment les habitants de la ville de Bart De Wever vivaient cette situation, et quelles étaient pour eux les priorités.

Le bureau IVOX, chargé de l’enquête, a ainsi sélectionné un échantillon représentatif de la population anversoise, en prenant en compte des critères tels que l’âge, le sexe, le niveau d’enseignement ou encore le comportement électoral des personnes sondées. 

Les résultats démontrent un décalage sur les mesures à adopter pour contrer la grande criminalité qui sévit aux alentours du port d'Anvers.

80% des Anversois jugent les consommateurs de drogue co-responsables des violences

On observe que les Anversois semblent avant tout vouloir une approche plus dure et plus sévère pour contrer ces violences. Environ la moitié des personnes sondées trouve ainsi que la politique menée par le bourgmestre Bart De Wever est 'trop soft'. Près de 9 répondants sur 10 demandent des moyens supplémentaires pour sécuriser le port. 84% veulent que le gouvernement fédéral en fasse plus pour soutenir la ville dans sa guerre contre la drogue. En revanche, seuls 45% des personnes interrogées seraient favorables à un déploiement de l’armée.

L’enquête démontre aussi que 8 habitants sur 10 voudraient que des mesures de prévention supplémentaires soient prises, que ce soit en renforçant les services judiciaires ou en investissant dans des scanners pour mieux contrôler le port. 

On notera enfin que les Anversois se montrent assez sévères envers les consommateurs de cocaïne. 80% des répondants estiment qu’ils sont co-responsables des violences liées au trafic de la drogue. Sept sondés sur dix trouvent par ailleurs que les personnes qui possèdent ou consomment de la drogue devraient être plus sévèrement sanctionnées.

La problématique devrait empirer, tout profit pour le Vlaams Belang ?

Par ailleurs, le sondage commandé par la Gazet van Antwerpen tend à démonter une certaine influence sur le comportement électoral des Anversois.

Un sondé sur quatre affirme que les attaques successives perpétrées ces derniers mois à Anvers pourraient avoir une influence sur leur vote lors des prochaines élections. Cette possibilité d’exprimer son mécontentement dans l’isoloir concernerait davantage les hommes et les électeurs de moins de 34 ans. Difficile cependant de dire si cette tendance sera encore de mise en 2024. D’ici là, d’autres évènements pourraient en effet entrer en compte, qu’ils soient en lien avec l’Ukraine ou la crise énergétique, notamment. Mais d’après le politologue anversois Dave Sinardet, les problèmes de criminalité liés au milieu de la drogue sont loin d’être résolus. Au contraire, ils auraient même tendance à empirer au fil du temps. Le sujet risque donc bien de figurer parmi les principaux enjeux électoraux, du moins aux abords de l’Escaut. 

Tout profit pour le Vlaams Belang qui serait davantage favorisé d'après plusieurs politologues. Le parti de Tom Van Grieken fera d’ailleurs tout pour convaincre les électeurs que le bourgmestre d’Anvers et leader de la N-VA n’en a pas fait assez pour remédier à la situation. Le tout dans une ville connue pour avoir été le siège de l’extrême droite dans les années 90. 

Un autre facteur pourrait également jouer en faveur du Belang. Il s’agit de la peur, un sentiment que 57% des sondés affirment actuellement ressentir. Un sentiment que le parti va aussi très certainement continuer d’utiliser pour s’attirer de nouvelles voix. 

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