Pour le nouveau Délégué général aux droits de l’enfant, "la priorité des priorités, c’est la lutte contre la précarité et la pauvreté, parce que c’est probablement la variable qui handicape le plus l’effectivité des droits de l’enfant en Belgique francophone."
Solayman Laqdim ajoute que "la pauvreté n’est pas une identité en soi, c’est une identité par défaut." Pour changer la donne, il faut agir sur les institutions et sur l’environnement social des enfants. "On parle beaucoup de la pauvreté infantile et j’insiste beaucoup là-dessus, c’est un concept qui est indissociable de la pauvreté des parents… parce qu’il n’y a pas d’enfants pauvres, il y a des enfants qui vivent dans des familles pauvres." Pour agir, selon le nouveau DGDE, il faut avoir une réflexion globale "sur l’ensemble des compétences qui dépassent largement les matières personnalisables de la Communauté française."
Celui qui a fait sa carrière dans la protection de la jeunesse pendant une vingtaine d’années analyse la question de la précarité. À ses débuts, dit-il, "on disait qu’il y avait un enfant sur cinq qui vivait sous le seuil de pauvreté, aujourd’hui c’est un enfant sur quatre. Je crains qu’en quittant le secteur, ce ne soit un enfant sur trois."
Pour le criminologue de formation, le contexte extérieur est instable et agressif. Il rappelle qu’il y a eu une crise sanitaire qui a amplifié une série de problématiques et creusé les inégalités sociales, avec une augmentation des faits de maltraitance, suite au confinement, des violences conjugales, avec tous les impacts psychologiques que cela peut avoir pour les enfants.
La crise énergétique ne fait qu’amplifier ce dernier constat, poursuit-il. Et il donne l’exemple d’un enfant qui souhaite participer à une activité sportive et dont les parents ne peuvent payer la cotisation. Autre exemple : "Une école qui organise un voyage scolaire et les enfants ne sont pas en mesure de payer le voyage. Et donc, très vite, on exclut et il n’y a pas d’accès à la culture et aux loisirs ou une activité."
Autre point d’attention
Autre point d’attention pour le nouveau DGDE, rendre son action plus visible : "C’est de développer davantage tout l’aspect numérique par rapport à l’information vis-à-vis des enfants parce qu’aujourd’hui, les enfants sont sur leur smartphone et les réseaux sociaux. Et donc, si on veut s’adresser à eux, on doit investir ces nouveaux modes de communication. Et ça, pour l’instant, ce n’est pas suffisamment fait."