La Grande Forme

Garde alternée : comment protéger les enfants des conflits parentaux ?

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Par Sophie Businaro

Comment gérer au mieux la garde alternée des enfants ? C’est la question que se posent beaucoup de parents qui souhaitent vivre ce genre de situation paisiblement et protéger leurs enfants des conflits familiaux. Les conseils du Dr Barbara, pédiatre.

Garde partagée ou hébergement égalitaire ?

Ce sont deux descriptions identiques mais qui insistent sur un aspect différent. La garde partagée exprime l’idée de s’entendre entre ex-conjoints pour garder ses enfants, s’en occuper, les conduire vers l’âge adulte. Cette définition engage un principe de responsabilité des parents vis-à-vis de l’enfant. Alors que l’expression Hébergement égalitaire insiste davantage sur les droits des parents : droit à accueillir l’enfant la moitié du temps, explique le Dr Barbara, pédiatre.

Exemples de témoignages que le Dr Barbara reçoit fréquemment en consultation :

  • Mon ex refuse de me laisser entrer chez lui ;
  • Mon ex dépose les enfants et les bagages devant la maison, il sonne et puis, il s’en va car il ne veut pas que nos regards se croisent ;
  • Mon ex dit du mal de moi à mes enfants qui me demandent ensuite si c’est vrai ;
  • Mon ex demande à mes enfants de ne pas parler chez lui de ce qu’ils font chez moi, faisant peser une chape de plomb sur la conversation.

La situation de garde partagée est souvent une situation de stress et de souffrance et cela a inévitablement des conséquences sur la santé mentale de l’enfant, sa confiance en lui, sa joie de vivre, ses résultats à l’école et sa capacité à créer du lien avec les adultes.

Que peut-on faire pour que ça se passe bien ?

Il y a des divorcés apaisés, des parents qui font passer l’intérêt de leurs enfants avant leur intérêt personnel ou qui savent composer avec une situation de rupture pour la transformer en une belle histoire. Car c’est bien d’une histoire qu’on parle. Élever des enfants, ça dure 18-20 ans pour les mener à l’autonomie donc il va s’en passer des choses pendant 20 ans ! Autant mettre en place un cadre qui favorise le développement de l’enfant, sa croissance, son éveil intellectuel, et accessoirement, ses résultats scolaires qui sont le plus souvent simplement la conséquence de tout le reste : bonne ambiance, sérénité dans les relations, absence de conflits, etc., insiste le Dr Barbara.

7 conseils pratiques

  • Essayez de vous entendre un minimum : prenez au moins un café avec lui/elle. Il peut entrer dans votre maison, voir la chambre de l’enfant, il est accueilli avec le sourire, sans aucun sarcasme ou sous-entendu, dans la bonne humeur même si au début elle est un peu artificielle.
  • Le moment de passage d’une maison à l’autre est un moment important pour votre enfant : aidez-le à ce que ça se passe le mieux possible. Faites-en un moment de célébration, de réjouissance. Prenez le temps de préparer ses bagages avec lui, demandez-lui s’il veut emporter ce doudou ou ce pyjama rayé qu’il aime tant. Dites-lui qu’il a de la chance de retourner chez papa/maman.
  • Ne vous arrêtez pas à l’expression Hébergement Égalitaire : si votre enfant souhaite passer plus de temps chez l’un des deux : pourquoi pas. Offrez-lui cette possibilité. Ne soyez pas cramponnés à votre droit de le retrouver vendredi à 16h00 précise.
  • Faites évoluer les choses dans le temps : un accord a été trouvé au départ pour que les parents s’occupent de l’enfant à parts égales. Mais le temps va transformer cette situation initiale. Il y aura des vacances, des camps scouts, des envies de voir tel ami qui habite plus près de chez l’un, etc. L’enfant ne doit pas être enfermé dans un cadre rigide défini par le juge. Il aspire tout simplement à vivre sa vie. On peut l’écouter, le comprendre, l’y autoriser bien sûr
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  • Quand apparaissent des pathologies, prenez le temps de faire le lien avec la situation : il est angoissé et ne veut plus aller à l’école, il pleure chaque soir dans son lit, il accuse un retard dans l’acquisition du langage, il parle difficilement, a du mal à écrire, il a des tics, il se gratte, il ne supporte pas certains aliments ; tous ces symptômes, on les voit en consultation. Aussi dans les familles qui ne sont pas divorcées bien sûr.
  • Ne bloquez pas les informations : Faites circuler. Votre enfant possède un dossier médical, un journal de classe, des remarques de ses profs, des certificats de vaccination, tout cela doit circuler. Ne faites pas de la rétention. Il a besoin de bénéficier d’une équipe autour de lui. Enseignants, médecins, père et mère collaborent tous ensemble au succès de cette grande aventure qu’est l’enfance (et l’éducation).
  • Soyez attentifs, en particulier à l’approche de l’adolescence, au fait que votre enfant cesse progressivement d’être un enfant : Il prend les transports en commun, il gère son budget, il a ses propres opinions, ses propres projets. N’utilisez pas le cadre initial de la garde partagée pour maintenir votre enfant dans un rôle qui n’est plus le sien. De plus en plus, c’est aussi à lui de décider non seulement de ce qu’il veut faire mais d’où il veut être, où il veut dormir, habiter, et cela impacte forcément le fameux cadre de la garde alternée. Vous n’êtes plus deux à décider, vous êtes trois. Et bientôt il décidera tout seul. Donnez-lui les armes.

Enfin, le Dr Barbara conclut : "On peut rater son mariage et réussir son divorce et dans ce sens-là, les enfants ne seront pas pris en otage et pourront vivre une enfance sereine et épanouie !"

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