Belgique

Soins infirmiers : "On nous demande de faire fonctionner le système de santé avec des emplâtres et des rustines"

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Par Alain Lechien avec Thomas Gadisseux

Le secteur non-marchand manifeste ce mardi afin de dénoncer notamment la pénurie de personnel. Interrogé sur La Première, le président de la Fédération Nationale des Infirmières de Belgique (FNIB) Dan Lecocq rappelle d’emblée "le rôle central que jouent les professionnels infirmiers dans notre système de soins de santé : nous accompagnons nos concitoyens du berceau jusqu’au tombeau. Qu’il s’agisse des crèches, des écoles, des hôpitaux, des maisons de repos et de soins, des prisons, en rue : les infirmières et infirmiers sont partout pour prendre soin de la population. Aux dires de l’OMS, elles et ils constituent l’épine dorsale des systèmes de soins de santé. Et une épine dorsale, on en prend soin quand on est un gestionnaire responsable". Or au niveau politique, on en reste au niveau des discours, "on attend un réel plan national d’action, d’attractivité et de rétention pour la profession".

Actuellement plus de 2600 lits sont fermés dans les hôpitaux. Il y a une insuffisance de personnel qualifié, la situation est grave dans les hôpitaux, mais aussi dans les maisons de repos et dans le secteur des soins à domicile. "Réduire l’offre serait insupportable dans un pays occidental développé. Les personnels infirmiers prennent sur eux depuis très, très longtemps pour continuer à faire fonctionner la machine. Les politiques comptent sur cet engagement, mais à un moment l’épine dorsale va finir par se rompre".

Selon Dan Lecocq, "c’est à moyen et à long terme qu’il faut réfléchir, mais nous sommes face à une inertie du politique qui est impressionnante. Depuis un plan d’attractivité et de rétention de 2010, tout a été détricoté, affaibli, l’effort s’est réduit à néant alors qu’il aurait dû être poursuivi et intensifié". Les primes annoncées par le gouvernement suite à la crise du coronavirus "n’entrent pas en compte pour le calcul de la pension, c’est du one shot, ce sont avec des emplâtres et des rustines qu’on nous demande de continuer à faire fonctionner le système de santé".

Il faut plus d’infirmières qualifiées, investir dans le domaine de la formation et dans l’attractivité. Et le personnel infirmier devrait avoir sa place dans les structures de gouvernance des hôpitaux, "il ne faut pas le considérer comme des professionnels de seconde zone", dit encore Dan Lecocq.

Il conclut en soulignant qu'on est au bout de la logique de l’approche productiviste du système de soins de santé où on demande, depuis la fin des années 1980, aux gens de toujours travailler davantage et plus vite.

Dan Lecocq
Dan Lecocq © RTBF

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