Belgique

"Ils sont émus, ils ont la machine dans les tripes", les travailleurs de Tihange 2 débranchent leur outil définitivement

Tihange : Fermeture du réacteur n° 2 ce soir

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Par Anne Poncelet, avec la rédaction de Liège et Belga

Le réacteur nucléaire de Tihange 2 a été définitivement mis à l'arrêt ce mardi soir à 22h45, après pile 40 ans de service, a confirmé Engie Electrabel, l'exploitant des centrales nucléaires de Tihange et de Doel. Il aura produit de l’énergie durant 11.963 jours.

La construction de Tihange 2 a débuté en 1975 et la centrale, située en bordure de Meuse, près de Huy (province de Liège), a été mise en service le 1er février 1983. D’une capacité électrique nette de 1.008 MW, la centrale aura connu plusieurs moments marquants dans son histoire.

Un réacteur porteur de records mais aussi d’inquiétudes

En 2001, les trois générateurs de vapeur y seront remplacés en 62 jours, un record mondial à l’époque. En 2010, le réacteur bat le record de production annuelle en Belgique avec 8.824 GWh produits, mais se fait aussitôt dépasser, l’année suivante, par Tihange 3.

L’année 2012 sera marquée par une révision à rallonge après la détection, tout comme à la centrale de Doel 3, de défauts dus à l’hydrogène, des "microfissures", dans les parois en acier de la cuve du réacteur.

Un nouvel arrêt non programmé a ensuite lieu en mars 2014, toujours à cause de ces défauts. Des études supplémentaires sont alors menées et l’AFCN, le gendarme du nucléaire, donne finalement le feu vert au redémarrage de l’installation en novembre 2015.

Du 18 août 2018 au 3 juillet 2019, Tihange 2 totalisera 318 jours d’arrêt – son arrêt le plus long – pour des réparations au niveau d’un bâtiment bunkérisé qui abrite des équipements de sûreté de second niveau de protection.

Sur ces quatre décennies, la centrale a connu 29 révisions et quelques arrêts non programmés.

En 40 ans, "1.793 assemblages d’éléments combustibles y auront été utilisés et plus de 100.000.000 de tonnes de CO2 évitées grâce à la production d’électricité nucléaire décarbonée de Tihange 2", pointe son exploitant Engie.

Un démantèlement qui prendra plusieurs années

L’arrêt du réacteur ne signifie pas l’abandon immédiat du site. La mise à l’arrêt définitive durera jusque 2027. Le démantèlement prendra ensuite plusieurs années, probablement jusque 2036.

Viendra enfin la phase finale, de 2036 à 2037 avec la démolition conventionnelle en vue de la libération du site. Son cycle de vie total se sera donc étalé sur plus de 60 ans. Le démantèlement et le déclassement de Tihange 2 représentent un coût d’environ un milliard d’euros, provenant des provisions nucléaires constituées par l’exploitant Engie Electrabel.

Un montant total de 6,3 milliards d’euros est prévu pour le démantèlement des sept réacteurs de Doel et de Tihange.

Une page qui se tourne pour les travailleurs

Une centaine de personnes travaillent actuellement pour le réacteur 2 de Tihange. 

"Aucun ne perdra son emploi", a assuré Engie.  Mais l'arrêt définitif se fera dans un mélange de fierté et de déception. "Chacun d'eux aura une nouvelle fonction à l'issue de la fermeture, souligne Antoine Assice, le directeur du site. Certains resteront ainsi actifs sur ce réacteur dans le cadre des opérations de mise à l'arrêt définitive en toute sûreté puis de démantèlement. D'autres iront travailler sur les centrales de Tihange 1, qui sera déconnectée à son tour le 1er octobre 2025, et de Tihange 3, qui devrait voir sa durée de vie prolongée de 10 ans, ou encore dans d'autres services."

Ils sont émus, ils ont la machine dans les tripes, mais, dans le même temps, ils ont la sûreté nucléaire dans la tête.

© Belga – ERIC LALMAND

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