Chroniques

Bart De Wever : la tentation du coup d’état

Philippe Walkowiak

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Par Philippe Walkowiak

 

Cela le démange de plus en plus. Bart De Wever y revient méthodiquement, insiste. De simple allusion régulière, cela tourne à l’obsession. Cela risque même d’empirer au fur et à mesure que l’on se rapprochera de l’échéance électorale de mai 2024 et au-delà quand il faudra composer de nouveaux exécutifs. Le président de la N-VA entend voir naître son confédéralisme, quitte même cette fois à sortir du cadre légal.

Coup politique ?

Cela fera bientôt 20 ans que Bart De Wever préside la N-VA et qu’il prône la très large autonomie de la Flandre, sa quasi-indépendance. Sur cette période, la seule réforme de l’Etat, accordant précisément plus d’autonomie aux régions et communautés, s’est effectuée sans lui. Sa seule participation au pouvoir fédéral sur ces années, où les prétentions confédéralistes ont été remisées au frigo, a sans doute provoqué le sévère recul électoral de 2019, mais son parti reste malgré tout le premier du Royaume. Pour l’instant.

Pourtant, Bart De Wever établit le même constat que la plupart des présidents de partis (et vraisemblablement une large majorité de citoyens) : la Belgique, dans son état actuel, ne fonctionne pas. Mais au-delà de cette réalité, chacun y apporte une solution personnelle. De ce blocage patent, le président de la N-VA entend sortir en contournant la Constitution, comme ce fut parfois le cas dans le passé, rappelle-t-il, une nouvelle fois.

Mémoire sélective

En effet, l’instauration du suffrage universel (1919) ou la communautarisation de l’enseignement (1981) furent effectifs avant que la Constitution ne soit modifiée en ce sens. Mais le président De Wever tourne le dos à l’historien qu’il est. Il omet de préciser que ces changements majeurs furent rendus possibles parce qu’ils avaient l’assentiment de (presque) tous ! Son confédéralisme reste à ce stade bien plus un fantasme nationaliste qu’une volonté largement partagée dans tout le pays !

Les changements radicaux passent rarement par de longues tractations. En 1830, la Belgique n’a pas demandé la permission à La Haye pour engager un processus de séparation ! Plus sérieusement, ce genre de démarche n’est concrètement réalisable que si on retrouve un objectif unique et concret (exemple, le vote pour tous les hommes en 1919) ET un très large consensus.

Le confédéralisme de Bart De Wever ne réunit pas ces conditions. Loin de là.

Il n’en reste pas moins qu’il remet sur la table une réalité : le dysfonctionnement institutionnel du pays et ses endettements abyssaux. Les partis francophones devraient d’ailleurs rapidement s’emparer de ces problématiques au risque de les prendre en pleine figure l’an prochain, face cette fois à la N-VA et au Vlaams Belang.

@PhWalkowiak

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