C’est notre côté animal…Notre cerveau reptilien.
Si jamais là maintenant, vous vous trouviez subitement face à un fauve, vous auriez seulement trois réactions possibles : soit, et c’est le plus probable, vous prenez vos jambes à votre cou ; soit, vous vous sentez l’âme d’un dompteur et vous tentez d’affronter la bête ; soit, vous êtes tétanisé, incapable de réagir, comme le lapin devant les phares de la voiture.
Et c’est évidemment la moins bonne réaction pour faire face au danger, celle qui vous donne le moins de chance d’en sortir. Pour le dire autrement, la peur est mauvaise conseillère…Parce que précisément elle ne fait pas appel à notre raison et peut nous pousser à agir contre nos intérêts : ne pas affronter le fauve, ne pas le fuir mais rester sur place à attendre qu’il nous dévore.
Si je vous parle de la peur, c’est parce que l’actualité de cette semaine nous y a renvoyé : il y a dix ans, nous avons tous eu peur en apprenant ce qui s’était passé dans le centre de Paris. C’est évidemment ce que les agresseurs ont tenté de répandre, c’est précisément le cœur de la stratégie terroriste.
J’étais à Paris au lendemain des attentats. Jamais je n’oublierai ce samedi matin où un taxi m’a emmené de la gare du Nord à l’Elysée dans une ville qui paraissait déserte. Comme si chacun avait choisi de se confiner, sidéré par les fusillades de la veille. Mais je n’oublierai jamais non plus ce qui s’est passé dès le lendemain : comme chaque dimanche, les Parisiens ont retrouvé leurs terrasses, déterminés à ne pas se laisser terroriser, à faire face, à laisser de côté leurs peurs.
Les spécialistes disent que la meilleure réponse au terrorisme, c’est d’apprendre à vivre avec les menaces. Et à faire confiance aux autorités, à la police et à la justice pour s’en protéger, en sachant que la protection n’est jamais absolue.
Dix ans après, la menace est moins palpable mais elle est toujours là.
Et ailleurs dans le monde, d’autres doivent aussi appréhender leurs peurs légitimes pour continuer de faire face. Comme par exemple, les habitants de Kiev, confrontés encore ce matin à une attaque massive de drones et de missiles. Bon gré mal gré, depuis près de quatre ans, les Ukrainiens doivent dompter la peur. Parce qu’ils savent qu’elle est mauvaise conseillère.
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