Le premier est le trinitrotoluène, un explosif. La seconde est la Télévision Numérique Terrestre en France... avec un potentiel explosif aussi, ces derniers jours. Mercredi, l’Arcom, le gendarme des médias en France, a choisi de ne plus attribuer une des 15 fréquences de la TNT à C8, la chaine sur laquelle officie Cyril Hanouna avec son émission « Touche pas à mon poste ». C’est une tuile pour la chaine du milliardaire proche de l’extrême-droite Vincent Bolloré : ces attributions de fréquence valent pour dix ans, et 20% des Français ne regardent la télévision que via la TNT. L’Arcom n’a pas encore publié ses motivations – ce sera fait à la fin de l’année – mais les intentions sont déjà claires : sanctionner une chaine, une émission et un animateur qui ont à leur compteur 7.6 millions d’euros d’amendes cumulées pour dérapages racistes, homophobes et j’en passe. 7.6 millions d’amende et ce, sans remise en question : à croire que la chaine avait cyniquement fait de ces sanctions financières un « dégât collatéral » intégré à son business plan. L’Arcom remet donc un peu d’ordre dans le paysage audiovisuel français - la campagne pour les législatives a été incroyablement poreuse à des médias qui sont devenus vecteurs d’opinions - et envoie un signal : on ne fait pas/plus ce qu’on veut quand on est un média en France. Une autre chaine qui appartient à Bolloré, CNews, a par exemple gardé sa fréquence, mais aura à l’automne une convention beaucoup plus stricte, autrement dit une série de règles à respecter, notamment en matière de pluralisme d’opinions. Mais l’interdiction d’émettre sur la TNT est-elle pour autant la bonne méthode ? Dans la galaxie Bolloré/Hanouna, on crie au scandale. Benjamin Castaldi, ex-chroniqueur de TMPP, parle de « censure flagrante rappelant les régimes totalitaires ». Et c’est évidemment sur ce fil que l’entourage de l’animateur va tirer : victimisation, cancel culture, wokistes moralisateurs. C’est sans doute là qu’une partie de la bataille est déjà perdue : l’éviction de C8 va alimenter ce discours d’extrême-droite. D’un autre côté, cette interdiction vient sonner la fin de la récré après de multiples avertissements dont Bolloré et les siens n’ont visiblement que faire. L’Arcom fait dans le musclé, puisque visiblement, rien d’autre ne fonctionne. Il en va de sa crédibilité, et aussi de ce que doit être un média dans un pays démocratique : pluralisme, déontologie... et respect de la loi, tout simplement. En attendant, Cyril Hanouna a promis sur X à « ses chéris » de « tout leur raconter » dimanche soir, sans doute via une vidéo sur son compte perso. Et puisque la fin d’attribution de fréquences n’entre en vigueur qu’en 2025, il y a fort à parier qu’à la rentrée, TPMP et ses chroniqueurs auront une nouvelle cible toute trouvée sur laquelle tirer : l’Arcom. | |